Dans l’amour, lorsqu’Adèle l’invite à grimper encore et à lui donner ce brin de violence qui est de son goût, c’est toujours à cet endroit-là, dans le désordre de la déraison, qu’il l’empoigne. Par là, il la tient et dirige l’indirigeable manœuvre de l’amour. Adèle lui demande davantage et il donne, sûr de sa prise, jusqu’à ce que jouir s’ensuive.
Ce recueil n’est pas vraiment une nouveauté, puisqu’il avait déjà été publié sous le titre de Manières douces, signé d’un certain Profane Lulu, un des personnages mis en scène dans les nouvelles, nom qui n’est autre que l’anagramme du véritable auteur : Paul Fournel.
Quinze nouvelles donc, où la fantaisie et la joie ont la part belle. Quinze nouvelles difficiles à résumer, mais qui sont un véritable bonheur de lecture : avec beaucoup de finesse, Paul Fournel nous propose une véritable petite leçon d’hédonisme.
Car ici, l’érotisme n’est pas gratuit, il ne s’agit pas de jouir pour jouir, il s’agit au contraire de profiter avec gourmandise de toutes les joies que nous offre la vie, dont le sexe évidemment (cela reste des nouvelles érotiques — encore que j’aurais plutôt envie de les qualifier de libertines).
La langue, les mots, le fantasme tiennent une place considérable dans le recueil, car ce dont il est question ici, finalement, c’est bien le désir et la manière de le faire monter, le trouble, l’émotion.
L’amour devient jeu, comme pour ce couple qui invente le rituel du « cine-roman » qui consiste à lire le même livre au même moment, afin d’être ensemble dans cette activité solitaire qu’est normalement la lecture et d’alimenter les fantasmes conduisant à des soirées érotiques à thème littéraire (j’avoue que cette nouvelle m’a beaucoup… troublée) ; tel autre transforme une randonnée en montagne en strip-tease façon petit poucet. De manière générale, et c’est ce qui m’a enchantée, l‘intellect est ici tout autant stimulé (voire plus) que nos bas instincts.
Le recueil se termine par des brèves érotiques qui sont autant d’embryons de nouvelles (dont certaines nouvelles du recueil).
C’est très fin, délicieusement écrit, et je n’hésiterai pas à qualifier ce recueil de petit bijou.
Humeurs Badines (lien affilié)
Paul FOURNEL
Dialogues, 2013









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