Des idées reçues sur le sexe, il en circule des tas, encore à notre époque — et ce n’est peut-être pas près de s’arranger, vue l’offensive que mènent actuellement les crétins réactionnaires qui nous feraient bien revenir à l’époque où on ne batifolait que pour procréer (et avec une seule personne dans toute sa vie, hein, faut pas abuser !). Enfin bref, plein d’idées reçues, dont certaines sont parfois profondément ancrées.
Le principe de cet ouvrage, sous forme de VRAI/FAUX/PAS TOUJOURS, est de les examiner afin de nous permettre d’y voir un peu plus clair.
300 idées reçues, réparties en 9 chapitres : la sexualité des animaux, la sexualité infantile (sujet brûlant), L’adolescence, l’âge adulte, l’amour, la sexualité et les religions, la prostitution et les perversions.
L’ensemble est assez convaincant et agréable à lire : on apprend beaucoup de choses, et certains points sont judicieusement approfondis par des encadrés voire des témoignages.
Au hasard des pages, on apprend ainsi que l’homosexualité existe aussi chez les animaux (qui se masturbent, d’ailleurs), que ce n’est pas parce qu’un mec bande qu’il a forcément envie de faire l’amour, que la sexualité c’est très cérébral (et que c’est une chose sérieuse) et que l’orgasme simultané n’est pas forcément une preuve d’entente parfaite. Et bien sûr, que la masturbation ne rend pas sourd.
Loin des polémiques, les auteurs se gardent des jugements péremptoires, et leurs propos sont à la fois consciencieux et mesurés.
Néanmoins, malgré le sérieux manifeste dont font preuve les auteurs dans cette vaste entreprise de démythification, je n’ai pu m’empêcher de ne pas être d’accord à quelques reprises, rares mais à signaler :
– Quand on embrasse sur les lèvres, il faut fermer les yeux — VRAI. Ah. Moi j’ai plutôt envie de dire que chacun fait bien comme il veut.
– Un peu plus loin (proposition 109) les auteurs insinuent que les femmes qui font démonstration bruyante de leur plaisir sont des simulatrices, ou que pour le moins les cris sont une comédie pour montrer son plaisir mais pas un signe de ce plaisir. Ce qui est FAUX, ou en tout cas pas toujours vrai.
– « Les femmes communiquent facilement entre elles sur leurs émotions mais pas forcément sur la sexualité. Elles échangent peu sur leurs expériences sexuelles car l’éducation féminine actuelle pousse à la pudeur et à ne pas aborder ces questions de front ». Alors comment dire… là j’ai l’impression que l’expression « éducation féminine actuelle » renvoie à une époque pas très actuelle justement. J’ai toujours librement parlé de sexe avec mes copines, et je vous fait grâce des discussions très décomplexées que mes oreilles (qui heureusement sont tout sauf chastes) saisissent parfois à la volée dans les couloirs du lycée.
Mais bon, ces petits bémols ponctuels ne doivent pas éloigner d’un petit livre très instructif à mettre entre toutes les mains !
La masturbation rend sourd – 300 idées reçues sur le sexe
Sylvain MIMOUN et Isabelle YHUEL
First, 2013









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