Je ne comprends pas pourquoi vous vivez séparés, puisque vous ne pouvez pas vivre l’un sans l’autre.
A Détroit, Adam, musicien romantique et mélancolique, s’ennuie et, dégoûté par ce que les « zombies » font au monde, décide de se suicider à l’aide d’une balle en bois. Sa femme, Eve, qui vit à Tanger, vient le retrouver…
Mais quelle merveille ! J’ai été totalement fascinée par ce film hypnotique, lent et mélancolique, qui revisite le mythe des vampires sans pour autant les émasculer.
Ici, les vampires sont sensuels, raffinés, ils aiment la musique et la littérature, ce sont des esthètes et des génies auxquels on doit les plus grandes œuvres de tous les temps, qu’ils les aient écrites (le vampire Christopher Marlowe dit avoir écrit Hamlet*) ou inspirées (Adam a fréquenté Shelley et Byron).
Ce sont des romantiques, tendance romantisme noir, empreints de spleen, et le film est en cela particulièrement crépusculaire, ambiance fin du monde, d’autant qu’il se déroule entièrement la nuit et majoritairement à Détroit, ville en ruine.
Ce qui n’empêche pas des touches d’humour (un peu désabusé il est vrai, et très noir avec le personnage d’Ava) et des clins d’œil intellos : les vampires mangent des sorbets au sang, et Adam se fait appeler Faust à l’hôpital. Du reste, le moindre détail, le moindre plan est chargé de sens et de références dans un feuilletage infini et vertigineux.
Dans cette fable poétique et métaphorique, les vampires ont le blues. Ils s’aiment à la folie, depuis des millénaires, mais ils ont mal au monde, et se désespèrent de ce que les hommes en ont fait. Ils essaient de ne pas boire les humains directement à la source, mais se retrouvent contaminés par du mauvais sang…
Only lovers left alive
Jim JARMUSCH
2014
* Jarmusch reprend l’hypothèse de certains selon laquelle Marlowe et Shakespeare n’auraient été qu’une seule et même personne.









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