On appelle ça la fiction, les livres, le cinéma… Les histoires quoi ! Or ce n’est pas vrai. C’est bien là qu’est la vraie vie ; la vraie violence, le vrai destin, les vraies personnes qui ne font pas semblant d’être ballottées par l’existence sans rien y comprendre. La fiction, c’est plutôt ce que je vis moi : cette maison, cet environnement factice, mes parents-personnages, presque des caricatures, qu’on pourrait qualifier de mal pensés ou mal écrits si on les découvrait sur un écran ou dans les pages d’un livre. Mais c’est un scénario râté. Vivre avec eux manque de suspense.
L’oeil du prince, c’est dans un théâtre l’angle de vue permettant de visualiser la perspective du décor sans déformation ; c’est aussi la place d’où l’on voit le mieux le spectacle. C’est le point de vue que nous offre d’adopter Frédérique Deghelt dans son dernier roman, constitué de cinq histoires liées entre elles. Mais ça, seul le lecteur le sait…
1988, à Cannes. Mélodie a 17 ans et vient de brûler ses journaux intimes. Née dans une famille de bourgeois superficiels qui se désintéressent d’elle, elle est dotée d’une âme d’artiste et se bat pour concrétiser ses rêves. C’est l’année de la sortie du Grand Bleu, et pour la première fois elle va assister au festival de Cannes.
Février 1964. Yann veut quitter New-York afin de ne plus subir le regard des autres. Sa vie vient d’être broyée, et il ne sait pas ce qui serait le plus lâche, en finir ou continuer à vivre.
Seconde guerre mondiale, France. Deux résistants tombent amoureux par le biais de leur correspondance secrète.
1980, San Francisco. Le couple de Benoît bat de l’aile, et il comprend peu à peu que sa femme a un amant.
De nos jours. Anna égraine ses souvenirs.
Il y a deux manières de lire ce roman : en ayant pris connaissance de l’arbre généalogique, ce qui permet d’avoir réellement ce point de vue omniscient sur la situation (ce que j’ai fait, j’étais trop curieuse), ou bien en découvrant peu à peu les liens existant entre les personnages.
Quoi qu’il en soit, ce roman, admirablement construit, est d’une grande délicatesse : à la fois charnel et sensuel, comme sait si bien le faire Frédérique Deghelt qui sait poser les mots sur le désir, le plaisir, l’amour, tendre et bouleversant, il nous entraîne dans ce qui est finalement la vie : l’amour et le désamour, les joies et les chagrins, les bonheurs et les tragédies, les liens qui se font et se défont entre les êtres. Le destin, le hasard et les coïncidences.
Tous les personnages, à leur manière, sont attachants, et c’est un vrai plaisir de les voir évoluer, parfois dans la lumière de l’avant-scène, parfois au loin, presque dans l’ombre.
C’est vraiment un très joli roman que nous offre là Frédérique Deghelt, et je le conseille sans réserve !
L’oeil du prince (lien affilié)
Frédérique DEGHELT
J’ai Lu, 2014









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