Je n’avais pas eu à trop argumenter pour convaincre Bérénice d’honorer l’invitation à la soirée concoctée par Charles. Nous le connaissions tous deux depuis plus de dix ans et avions pu apprécier à maintes reprises son savoir-faire en matière d’organisation, l’art qu’il maîtrisait à la perfection de distiller tout au long de rencontres inoubliables sa convivialité discrète et chaleureuse au service de situations toujours surprenantes et particulièrement excitantes.
Les soirées de Charles, comme celles de l’ambassadeur, sont toujours un succès. Mais pas à cause des chocolats et du champagne : ses réceptions, qui prennent l’apparence de soirées échangistes, sont en réalité de véritables thérapies de groupe, où chacun va en apprendre beaucoup sur lui-même. C’est à une de ces soirées que nous invite ce roman…
C’est tout à fait brillant, et relativement déconcertant.
Evidemment, on s’attend à un récit érotico-pornographique, enchaînant les situations diverses et variées, mais si on a bien tout ça, on a aussi plus.
Car ce roman est presque un traité d’anthropologie sexuelle, où la jouissance est thérapeutique.
Charles est le maître de cérémonie et invite dans son univers raffiné et décadent des personnes d’horizons divers, qu’il a sélectionnées grâce à un questionnaire et surtout à une connaissance profonde de l’âme humaine (c’est un ancien chercheur en sciences du comportement) : chacun a un problème à régler, une prise de conscience à avoir, un fantasme à cesser de refouler et la soirée est minutieusement organisée de manière à ce que chacun ait « son » moment de révélation ; mais, en participant aux moments des autres (ou simplement en restant spectateur), on apprend aussi.
Cela n’a pas été sans me rappeler les « constellations symboliques« , la dimension sexuelle en plus. Chaque personnage prend la parole à tour de rôle, ce qui permet d’avoir un point de vue assez complet sur les différents tableaux. C’est excellemment écrit, finement analysé, certaines scènes sont assez troublantes, bref, c’est une vraie réussite !
Armand Aurèle est le pseudonyme d’un auteur publiant d’habitude en littérature générale, et je suis assez curieuse de savoir qui (j’ai quelques idées, mais rien de certain) : s’il passe par ici, qu’il se dénonce par mail (je garderai le secret, promis).
Les soirées de Charles (lien affilié)
Armand AURÈLE
La Musardine, 2014









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