Le voyage, c’est un tremblement de terre inversé. Plus on s’éloigne, plus on est à même de ressentir la secousse. Cette quête de l’autre et de l’étrange n’a de sens que si elle conduit à une meilleure connaissance de soi et l’onde de choc ne nous ébranle dans nos fondements que si elle nous met face à nos différences et nos similitudes avec le monde.
L’autre jour, lors de ma rencontre avec Syrano, nous avions parlé de ses voyages et du projet un peu particulier qu’avait constitué pour lui Les Cités d’émeraude : à la fois un disque, et un récit sous l’angle de la musique. Il m’avait déjà envoyé le CD, et je suis repartie de chez lui avec le livre, dans lequel je n’ai pas tardé à me plonger.
Il s’agit donc d’un récit de voyage, comme l’indique le sous-titre Réflexions d’un artiste en voyage, qui nous met aussi sur la piste du point de vue : celui d’un musicien en train de composer un disque. Que ce soit au Brésil, en Italie, aux Etats-Unis, en Chine, à Madagascar, en Allemagne, en Tunisie ou en Arménie, l’auteur part à la rencontre des musiciens, échange avec eux, et enregistre des morceaux grâce à un studio portatif.
Petit à petit, le disque se construit, petite tour de Babel où se mêlent les influences les plus diverses.
La musique est émotion, et plus qu’autre chose, elle permet de rassembler les hommes. Même lorsqu’on ne peut pas communiquer à travers le langage, elle nous permet de saisir la culture de l’autre. Et tel est bien l’enjeu : le désir de rencontres humaines, la quête de l’autre, à travers un parcours qui permet aussi de questionner le monde et ses habitants.
Quant à l’album, c’est une petite pépite.
Les Cités d’émeraude
SYRANO
LddZ, 2012
Caroline Doudet 
Un petit mot ?