Comme je le disais la semaine dernière, Sade est à l’honneur en ce moment. Et c’est donc en toute logique qu’après être allée voir l’exposition que lui consacre le musée d’Orsay, mes pas m’ont portée à l’Institut des lettres et des manuscrits, pour admirer celle, plus confidentielle, qui lui est également dédiée. Plus confidentielle mais pas moins fascinante, voire, plus encore.
C’est dans un boudoir libertin que nous sommes ici invités. Le rouge domine, et nous déambulons d’espace en espace en traversant des rideaux de voile représentant des scènes érotiques.
Feutré, le parcours s’organise de manière chronologique pour retracer l’histoire du libertinage et de ses différentes formes, du XIe siècle à nos jours. Car, évidemment, ni le libertinage ni même le sadisme n’ont été inventés par le divin marquis.
Libertinage d’esprit dès le XVIe avec ces libres-penseurs qui refusaient de plier sous le joug de la morale religieuse, puis progressivement le libertinage de mœurs, qui s’épanouit au XVIIIe siècle.
Des manuscrits, des lettres, des éditions originales, du galant à l’obscène, se dévoilent sous nos yeux les textes de Crébillon fils, Laclos, Restif de la Bretonne ou encore Molière.
L’espace central est consacré à Sade lui-même, et notamment au rouleau portant le manuscrit des 120 journées de Sodome, œuvre fascinante et qui aurait bien pu disparaître dans les méandres de l’histoire sans l’ingéniosité de son auteur, et beaucoup de chance aussi. Son histoire est digne elle-même d’un thriller historique à la Dan Brown ou presque.
Puis l’exposition s’intéresse à la postérité de Sade, au XIXe siècle bien sûr avec des auteurs comme Flaubert, grand lecteur de Sade, Baudelaire ou Musset, mais aussi jusqu’à nos jours, avec par exemple au cinéma des films comme Belle de jour ou le mythique Saló ou les 120 journées de Sodome.
Ce dernier film est d’une violence assez insoutenable et il m’avait assez profondément traumatisée, et je m’étais bien juré que, bien qu’il s’agisse absolument d’un chef d’œuvre, je m’épargnerais la peine de le revoir. Mais. Il se trouve que pour plein de raisons complexes comme toujours liées à ce que j’écris moi-même, j’ai depuis quelque temps comme un désir assez malsain de m’y plonger à nouveau, ce qui prouve une fois de plus, si besoin était, que je suis complètement zinzin. Donc il est possible que je vous en reparle un jour ou l’autre.
Bref : j’ai vraiment beaucoup aimé cette exposition, beaucoup plus que celle d’Orsay finalement: ses ambitions sont beaucoup plus réduites, et au final elle se révèle plus claire. Et puis, évidemment, la richesse de ce qui est exposé ne peut que faire se pâmer les bibliophiles. En plus, on peut prendre des photos !





















Sade – marquis de l’ombre, prince des lumières. L’éventail des libertinages du XVIe au XXe siècle
Institut des Lettres et des Manuscrits
Jusqu’au 18 janvier 2015









Un petit mot ?