Les Borgia et leur temps, au musée Maillol

Je n’ai toujours pas vu la dernière saison de Borgia (il faut que je me réserve un week-end) ni d’ailleurs la suite de The Borgias. Mais il était impensable que je loupe cette exposition, qui nous fait pénétrer au cœur d’une famille qui a marqué l’Europe du XVIème siècle, monde alors en pleine mutation politique, culturelle et sociale.

L’exposition s’ouvre donc sur l’histoire de la famille Borgia, avec une immense frise chronologique qui constitue aussi un arbre généalogique et une galerie de portraits fascinants : si l’histoire de la famille ne commence pas avec Rodrigo et ses chers enfants, c’est pourtant lui qui a marqué les esprits pour les siècles à venir, marquant l’époque de son empreinte.

Tout un pan de l’exposition est ainsi consacré à la mise en place du contexte historique et politique, marqué par les problèmes de l’unité italienne. Certains personnages plus ou moins illustres et plus ou moins liés aux Borgia sont ainsi mis en avant : Laurent le Magnifique, Leonard de Vinci, ou Savonarole le grand malade mental.

Le but est de montrer comment la période est riche en réflexion et en création : un espace notamment est consacré au renouveau spirituel avec des gens comme Erasme ou Luther. On se rend compte également du rôle important de l’art : ayant reçu une éducation érudite et humaniste, Rodrigo est conscient du rôle des arts dans l’expression du pouvoir ; mais c’est surtout Lucrèce la mécène, et elle s’entoure de nombreux artistes, comme l’Arioste ou le Titien.

Plus généralement, l’exposition nous offre une vue d’ensemble du paysage artistique de l’époque : Rome, Urbino, Florence, Venise.

Les Borgia ont donc fortement marqué leur temps, mais pas seulement, et leur héritage est assez considérable : Cesare, mercenaire de l’Eglise, a fortement influencé Machiavel à qui il a inspiré Le Prince, œuvre qui a elle-même influencé toute la réflexion politique de Richelieu à Napoléon ; le pontificat d’Alexandre VI a ouvert la voie aux papes mécènes que seront Jules II et Léon X.

Et puis, surtout, il y a cette légende noire, avec laquelle se clôt l’exposition : la fortune littéraire de la famille, que l’on peut qualifier de « borgiamania », est en effet impressionnante, que l’on pense à Hugo (nous reparlerons bientôt de sa Lucrèce Borgia puisque je vais la voir début décembre) ou Dumas, où aux séries TV, une vitrine étant consacrée aux costumes de la version de Tom Fontana.

C’est donc une très belle exposition, très riche, proposant des œuvres rares que l’on n’a pas l’occasion de voir très souvent. Même si les Borgia semblent souvent un peu trop le prétexte à une rétrospective sur la Renaissance, l’ensemble est clair et agréable à suivre.

Mais (il y a toujours un mais), d’une part je trouve cette exposition un peu trop « prude » car elle n’aborde quasiment pas la question de la luxure (alors que, quand même), et surtout,  je trouve le prix d’entrée proprement scandaleux, et pour ce prix scandaleux j’aurais au moins aimé pouvoir prendre des photos !

Les Borgia et leur temps, de Léonard de Vinci à Michel-Ange
Musée Maillol
Jusqu’au 15 février 2015

8 réponses à « Les Borgia et leur temps, au musée Maillol »

  1. Avatar de Bernieshoot
    Bernieshoot

    L’exposition pourquoi pas,
    je trouve aussi que l’interdiction de prendre des photos est tout aussi stupide que scandaleuse

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    1. Avatar de Caroline Doudet

      Oui et puis frustrant !

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  2. Avatar de titine75

    C’est le problème des petits musées parisiens comme Jacquemart-André ou Marmottan, ils proposent toujours le musée et les expositions ce qui donne des prix prohibitifs. Au moins là, tu as trouvé l’expo intéressante, ce n’est pas toujours le cas. Il faudra que je trouve un comment pour la visiter, l’appel.de la Renaissance est irrépressible pour moi !

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    1. Avatar de Caroline Doudet

      Oui, c’est une exposition intéressante, c’est clair !

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  3. Avatar de estellecalim

    Ah oui ? C’est toujours un peu cher Maillol il me semble (je ne paye pas alors je ne sais pas trop). Mais s’il n’y a rien de croustillant, c’est dommage 😉

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    1. Avatar de Caroline Doudet

      Eheheh ! Moi c’est un des derniers musées où je paye, et ça fait bizarre !

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  4. Avatar de Les Tudors, au musée du Luxembourg | Cultur'elle

    […] celle des Borgias, la famille des Tudors continue de fasciner tant le public que les artistes, comme en témoigne la […]

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  5. Avatar de Les Tudors, au musée du Luxembourg – Caroline Doudet

    […] celle des Borgias, la famille des Tudors continue de fasciner tant le public que les artistes, comme en témoigne la […]

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