Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté.
Ce soir, Michèle Lesbre est une des invitées de la Grande Librairie pour parler de son dernier roman, Chemins ; elle était vendredi dernier au salon du livre, où j’ai acheté son œuvre précédente, parce que quelqu’un (qui ?) m’avait conseillé de ne pas la découvrir avec son dernier, et aussi parce que Ecoute la pluie m’intriguait depuis sa sortie.
Alors qu’elle s’apprête à prendre le train pour rejoindre l’homme qu’elle aime, la narratrice assiste au suicide d’un vieil homme qui se jette sous une rame de métro. Commence alors pour elle une nuit d’errance, qui la conduit à s’interroger sur sa vie.
Déconcertant, ce roman, écrit à la deuxième personne puisqu’il s’adresse à l’être aimé, suit une logique plus méditative que narrative : le choc de la mort d’un homme, par un effet de balancier, conduit celle qui parle à plonger en elle-même, à s’interroger sur son histoire et ce qu’elle est, le tout en tissant les motifs de la vie, de la mort, de la photographie et de la pluie intérieure qui résonne en nous et qu’il nous faut comprendre.
Animé par la poétique de l’errance, le texte a quelque chose de Virginia Woolf dans cette mélancolie lumineuse qui l’habite.
Un très beau texte, très poétique : je suis ravie d’avoir découvert cette plume !
Ecoute la pluie (lien affilié)
Michèle LESBRE
Sabine Wespieser, 2013









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