Ça aussi, ça passera de Milena Busquets

A ma connaissance, la seule chose qui ne donne pas la gueule de bois et met entre parenthèse la mort — comme la vie — c’est le sexe. Son effet foudroyant réduit tout en décombres. Mais ça ne dure que quelques instants ou, tout au plus, si vous vous endormez ensuite, quelques heures.

L’autre soir, devant la Grande Librairie, j’ai eu le coup de foudre pour Milena Busquets : drôle, vive, enthousiaste, exubérante, décomplexée, elle m’a tout de suite donné envie de lire son roman (dont je n’avais pourtant absolument pas entendu parler). Bref, j’étais sous le charme, et je crois pouvoir affirmer que je n’étais pas la seule : Busnel avait l’oeil qui frise et même, même Yann Moix semblait presque séduit. Alors comment résister ?

Blanca, 40 ans, vient de perdre sa mère, et c’est à elle qu’elle s’adresse dans ces pages. C’est l’été, et elle décide de passer les vacances dans cette maison dont elle vient d’hériter, à Cadaqués, entourée de ses deux fils, de leurs pères respectifs, de son amie Sofía avec son fils, de son autre amie Elisa avec son petit ami. Il y a aussi, à proximité, son amant Santi (et sa famille) et le mystérieux inconnu qu’elle a vu pour la première fois à l’enterrement…

Ce roman à la fois léger et profond est celui de la frivolité essentielle. C’est un roman du deuil, de la perte, mais surtout de la pulsion de vie. Comment éros terrasse thanatos.

Partout le désir circule et le sexe vient à bout de tous les maux, sans tabou : bien que séparée des pères de ses enfants, Blanca continue à l’occasion de coucher avec eux, parce que quand on aime on ne cesse jamais d’aimer, l’autre fait inexorablement et pour toujours partie de nous, l’amour se transforme en amitié profonde et l’amitié inclut éventuellement le sexe.

C’est cru, charnel, animal, Milena Busquets appelle un chat un chat, mais c’est surtout l’évidence même : j’ai aimé cette conception du monde, assez poétique et innocente, parce que je la trouve très vraie, et je me suis beaucoup attachée au personnage de Blanca, totalement farfelue mais en même temps perdue dans ses sentiments ambivalents envers sa mère, et qui cherche avant tout à se sentir vivante.

Un roman lumineux, qui fait beaucoup de bien.

Ça aussi, ça passera (lien affilié)
Milena BUSQUETS
Traduit de l’espagnol par Robert Amutio
Gallimard, 2015

13 réponses à « Ça aussi, ça passera de Milena Busquets »

  1. Avatar de clara

    tu as parfaitement résumer ce livre ! Comme toi, je me suis attachée à Blanca.

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  2. Avatar de titine75

    Ton billet correspond à l’impression que m’avait fait l’auteur à la Grande Librairie, peut-être un livre pour cet été !

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  3. Avatar de noukette

    Une lecture qui fait du bien, parfait, je viens de me l’offrir !

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  4. Avatar de Quaidesproses

    Moi aussi j’ai aimé ce qu’elle a dégagé dans la grande librairie. Ce livre sera une de mes prochaines lectures, c’est certain.

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  5. Avatar de Bernieshoot
    Bernieshoot

    Nous l’avons vu à cette émission et elle a une très forte personnalité

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  6. […] ça aussi, ça passera chez Cathulu, chez Clara aussi, de mots pour mots, l’Irrégulière […]

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  7. […] critiques Babelio L’Express (François Busnel) Télérama Blog Cultur’elle (Caroline Doudet) Blog Mots pour mots Blog Clara et les […]

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  8. […] les vilains petits canards puisqu’il semble que ce roman en ait enchanté plus d’une : L’irrégulière, Clara, […]

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