Les vagins sont beaux. Notre haine de nous-même n’est que la forme intériorisée de la répression et de la haine de la culture patriarcale.
Il y a une dizaine d’années, j’avais vu cette pièce au théâtre, et elle m’avait fait une très forte impression, à tel point que j’avais essayé de me procurer le texte. Mais, làs, il était à ce moment là épuisé, et j’avais lâché l’affaire. Mais aujourd’hui, les éditions Denoël le rééditent dans une nouvelle traduction, et j’en ai profité pour le lire avec un plaisir non dissimulé.
A partir de plus de deux cent entretiens au cours desquels elle a interrogé des femmes de tous âges et de toutes conditions sur leur vagin, Eve Ensler a écrit une pièce constituée d’une série de monologues ponctués de moments encyclopédiques.
Plus monologues sur le vagin d’ailleurs que véritables soliloques où cette partie du corps aurait directement la parole comme dans le fabliau du Moyen-Âge Le chevalier qui faisait parler les cons ou Les bijoux indiscrets de Diderot, ces petits textes abordent de façon à la fois poétique et humoristique, émouvante et tendre, parfois sensuelle, des questions aussi diverses que la jouissance, les poils, les règles, le clitoris, le viol, l’accouchement et les femmes fontaines.
Dire que ce texte est jouissif est un peu facile, mais j’aime bien, à l’occasion, céder à la facilité, donc je le dis : ce texte est jouissif. Mettant à distance l’omerta sur le sexe des femmes (très bien analysé, rappelons-le, par Diane Ducret), il libère la parole et établit ce lien entre les mots et les choses qui est à la base de la littérature.
C’est un éloge du féminin, du corps féminin, du plaisir féminin contre la culture patriarcale. Résolument féministe et indispensable, à mettre entre toutes les mains, notamment celles des garçons, pour qu’ils n’aient plus peur (non, ça ne mord pas !).
A lire aussi, impérativement : l’excellent et passionnant avant-propos de Gloria Steinem !
De mon côté, cette lecture m’a donné envie de revoir la pièce !
Les Monologues du vagin (lien affilié)
Eve ENSLER
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lili Sztajn
Denoël, 2015









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