Alors ? Alors c’est incroyable, mais pour profiter vraiment du soir d’été, il faut que vienne au cœur l’idée de sa fragilité, la sensation qu’on le vit pour la dernière fois. J’ai fait une salade de fruits pour le dessert. Allumons une cigarette. Souvenons-nous du présent. Vivons dans le présent. Avec le sentiment que c’est presque impossible.
Philippe Delerm est de ces rares auteurs qui savent réenchanter le monde en mettant de la poésie dans le quotidien. De ces auteurs qui font du bien à l’âme, en nous apprenant à savourer les moments de joie les plus infimes et, en parfaits hédonistes, à savourer le moment présent.
Parce que la vie est belle, est qu’il y a plein de bonnes raisons d’habiter sur la terre : un enfant qui apprend à lire, les bruits de Venise, les soirs d’été, prendre le métro avec la personne qu’on aime, boire un mojito, se promener dans les jardins du Luxembourg, aller au théâtre, Bruges en hiver, pique-niquer sur l’autoroute, sourire à quelqu’un…
On peut lire ici ou là que ce texte est moins touchant, moins bon que les autres. Ce n’est pas mon avis : je crois simplement que certains, peut-être, commencent à se lasser de cette éternelle répétition du même principe. Pour ma part, je ne m’en lasse pas, et ce volume m’a autant touchée que les autres.
Cet art de mettre en avant les plus petites choses du quotidien, celles-là même devant lesquelles on passe sans y prêter attention. Cette écriture sensuelle, qui laisse place à la vue, à l’ouïe, au toucher, à l’odorat, au goût. Ces plaisirs simples : les amis, le soleil, la bonne chère, un bon verre, les terrasses, les voyages. L’amour.
Rappeler qu’il faut profiter de la vie peut paraître naïf. Mais c’est pourtant la grande force de ces textes et de cet auteur que, décidément, j’aime toujours autant.
Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre (lien affilié)
Philippe DELERM
Seuil, 2015









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