As you understand from your brother’s experience if you fail to fall in love with someone during your stay here, you will turn into an animal. As an animal you will have a second chance to find a companion.
Un film que je voulais voir depuis sa sortie : le sujet ne pouvait qu’intriguer (et pour tout dire effrayer) l’animal solitaire que je suis…
Dans un futur proche, il est interdit d’être célibataire. Après une séparation, David se retrouve donc contraint de rejoindre l’Hôtel, où il aura 45 jours — un peu plus s’il neutralise des rebelles appelés « solitaires » — pour tomber amoureux d’une personne à laquelle il sera assorti. S’il échoue, il sera changé en l’animal de son choix, en l’occurrence un homard.
Le film est à première vue une dystopie de facture tout ce qu’il y a de plus classique, et nous introduit dans un monde où une règle est édictée et supposée assurer le bon fonctionnement de la société, ici la « mise en couple » : il ne s’agit même pas d’amour, les relations amoureuses sont déshumanisées et dépoétisées, il s’agit simplement de former des paires assorties un peu comme des chaussettes, et les individus subissent quotidiennement des leçons pour les convaincre que c’est mieux à deux.
Si elles ont un compagnon, les femmes ne se font plus violer dans la rue et ne risquent plus de s’étouffer avec un noyau d’olive. Supposée assurer la stabilité sociale, cette règle est pourtant liberticide, et des rebelles la rejettent : ces « solitaires » sont impitoyablement chassés, tout comme est impitoyablement punie la masturbation.
Mais, là où le film est original, c’est que le monde des rebelles n’est pas plus accueillant, au contraire : si ailleurs l’amour est obligatoire, là il est strictement interdit. Comment alors trouver sa vraie place ? Où est la liberté d’aimer ?
Magnifiquement filmée, d’une grande mélancolie poétique notamment grâce à une photographie parfaitement maîtrisée et des scènes d’une grâce absolue, cette fable est aussi d’une grande violence. Elle nous donne à voir, finalement, un monde qui est le nôtre, et met le doigt sur un tabou : celui de l’injonction à se mettre en couple.
Et c’est triste, entre ceux qui n’ont pas forcément envie mais essaient de se conformer à ce que la société veut pour eux quitte à se trahir pour ne pas être rejetés, ceux qui voudraient bien mais ne trouvent pas leur moitié d’orange et en sont malheureux, ceux qui refusent et se marginalisent mais sont du coup enfermés dans une autre case… L’amour, le vrai, peut-il y survivre ?
Ce film est un pur chef-d’œuvre, d’une beauté et d’une profondeur rare ! A voir absolument !
The Lobster
Yorgos LANTHIMOS
2015









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