Ils le savent, le manque, c’est le sort de tous les couples illégitimes. Ils ne sont ni les premiers ni les derniers à le vivre. Mais, comme tous les amants, ils ont l’illusion que leur histoire est la plus forte, qu’elle n’est comparable à nulle autre. Leur passion résistera-t-elle à ce nouvel obstacle ? S’accommodera-t-elle de la frustration qui les guette ? Ne plus pouvoir se toucher, s’embrasser, se baiser, mêler leurs souffles, leurs fluides. Pendant 10 jours. 240 heures. Non, impossible. 14440 secondes à rêver de sa peau sans y avoir accès, se dit Laure. Insurmontable. On ne devrait jamais faire de telles conversions.
En matière d’érotisme, sauf exception, j’ai de plus en plus tendance à préférer les nouvelles aux romans. C’est la raison pour laquelle je ne m’étais pas encore penchée sur l’œuvre d’Octavie Delvaux, sinon à l’occasion de quelques recueils Osez vingt histoires. Mais là, forcément, ce recueil a fait tilt.
A travers 23 nouvelles, Octavie Delvaux explore toutes les facettes de la sexualité, des plus lumineuses aux plus sombres, et notamment l’éternel couple Eros/Thanatos, qui chacun constituent une des deux parties du recueil.
D’un côté le sexe solaire, ludique, joyeux, animé par la pulsion de vie ; de l’autre, une dimension plus sombre, violente, traversée par la pulsion de mort.
L’ensemble est particulièrement réussi, charnel, animal, et très troublant : on est au cœur du désir, dans ce qu’il a de plus brut, sans tabous. Les fantasmes les plus divers se donnent à voir à travers des situations variées et des dispositifs narratifs parfois très originaux, qui dynamitent les tabous, quitte à secouer un peu le lecteur, comme par exemple avec la nouvelle « Fille du soleil », dont le point de vue est très déconcertant mais donne un résultat absolument superbe, ou encore « A la vie, à la mort », dernier récit de la section « Eros » et qui en fait sert de jonction entre les deux pôles.
Du reste, malgré cette construction, on sait bien qu‘Eros et Thanatos sont inséparables, même s’il y en a toujours un qui domine.
Bref, un recueil d’une grande puissance érotique, que je vous conseille vivement.
A Cœur pervers (lien affilié)
Octavie DELVAUX
La Musardine, 2016









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