Dans ce vieil immeuble particulier, seule la façade côté rue a été rénovée, celle du bâtiment où elle habite. En fond de cour, les bâtiments sont plutôt antiques, des fils électriques courent sur des poutres vieilles de trois siècles, là-bas les ravalements datent de plusieurs décennies, c’est comme un autre monde, un monde où elle ne va jamais.
Pour ma première lecture estivale dans mon hamac, j’ai choisi mon cher Serge Joncour. Et j’ai bien fait.
Ludovic est un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes ; Aurore est une jeune styliste à la tête de sa propre marque. Ils vivent dans le même immeuble, mais pas dans le même monde : elle du côté chic, lui du côté pauvre. Ils auraient pu ne jamais faire connaissance, pourtant si proches ; mais des corbeaux ont envahi la cour de l’immeuble, qui terrifient Aurore…
Un très très beau roman, d’une délicatesse et d’une sensibilité infinies, dans lequel Serge Joncour interroge la fragilité et la vulnérabilité des êtres. Le fait, aussi, d’accepter de se reposer sur un autre, de faire confiance.
Avec beaucoup de subtilité, l’auteur construit des réseaux d’oppositions, la ville et sa modernité face à la campagne et ses traditions, la richesse et la pauvreté, le masculin et le féminin, la fragilité et la force ; mais ces oppositions ne sont pas immuables, elles bougent, sont en recomposition constante ; et, surtout, elles ne doivent pas constituer des barrières.
Ce qui rapproche les êtres est plus fort que ce qui les sépare. Les personnages d’Aurore et de Ludovic sont d’une grande complexité, et chacun nous mène à nous poser de bonnes questions sur nos vies.
Roman d’amour, mais pas seulement, Repose-toi sur moi est un grand roman qui interroge notre monde et nos choix, et dont on n’a pas fini d’entendre parler !
Repose-toi sur moi (lien affilié)
Serge JONCOUR
Flammarion, 2016









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