Cette affolante statistique est avérée. Un couple sur cinq connaît des difficultés pour avoir un enfant et je suis celui-là.
Cela m’arrive à moi qui en ai eu la muette angoisse, à moi qui adore les bébés, qui sais m’y prendre avec eux, qui suis toujours des premières à me précipiter à la clinique pour féliciter l’accouchée, moi qui en conséquence pose sur tant de photographies un nourrisson dans les bras, moi à qui on affirme que cela va si bien, moi que l’on prédit bonne mère.
C’est la première rentrée littéraire de Sophie Adriansen, avec ce roman qui au départ pouvait s’annoncer peu fait pour moi. Disons que je me sens peu concernée par ce sujet, même s’il m’intéresse, et nous en avions d’ailleurs parlé avec Sophie (oui, je raconte ma vie, mais c’est important je pense pour comprendre mon expérience toute personnelle de lecture de ce roman), et c’est justement la raison pour laquelle elle voulait absolument que je l’aie, et éventuellement que je le lise.
Parce que ce roman, justement, n’interroge pas seulement le désir d’enfant, mais a un questionnement beaucoup plus large.
Stéphanie et Guillaume ont tout pour être heureux. Sauf une chose : ils sont ce couple sur cinq qui, d’après les statistiques, a du mal à concevoir un enfant. Ils finissent par se lancer dans le cruel combat de la PMA…
Un très beau texte, à la fois drôle et tendre, qui dépasse largement le récit du chemin de croix d’un couple pour avoir un enfant : ce qui est en jeu ici, au-delà donc de la volonté d’avoir un enfant, à distinguer du désir d’enfant, c’est la féminité — une femme n’est-elle complète qu’en étant mère, ou au contraire faut-il d’abord être complète, en accord avec soi, pour devenir mère (éventuellement) ?
Alternant le passé et le présent, le roman est émaillé d’extraits de livres (et notamment le bouleversant Instinct Primaire de Pia Petersen), de films, de chansons, de statistiques, de discours divers sur la maternité puisque tout le monde donne toujours son avis et que ces avis sont souvent culpabilisants.
Le roman se métamorphose : de quête d’enfant, il devient quête de soi ; la narratrice s’interroge sur ses choix, remet de l’ordre dans sa vie, reconquiert sa liberté et son désir, lâche-prise. Devient enfin elle-même.
Un roman profond et nécessaire, à placer entre toutes les mains, celles des femmes notamment, toutes les femmes, celles qui désirent un enfant et celles qui n’en désirent pas, celles qui en ont déjà : elles y trouveront de quoi s’interroger sur leurs aspirations profondes loin des clichés de la société.
Quant au titre, il est sublime de poésie, mais je vous laisse en découvrir le sens en lisant ce roman qui m’a beaucoup touchée et a profondément résonné en moi…
Le Syndrome de la vitre étoilée (lien affilié)
Sophie ADRIANSEN
Fleuve, 2016









Un petit mot ?