Une autre voix que la mienne, de Catherine Balance

Voilà quatre mois que je vous lis en boucle. Lorsque je termine un roman, j’en commence aussitôt un autre. Je me suis immergée dans vos histoires, attachée à vos personnages, j’ai souffert, aimé vécu avec eux, tout ça dans un mouvement assez frénétique. Et… je vis les situations qu’ils vivent au moment où je les lis, ou bien je retrouve des éléments de mon passé. Comme si vous les aviez écrites pour moi, comme si j’étais l’un de vos personnages. C’est insensé, j’en suis bien consciente.

Certains films et certains romans comportent une mention indiquant que Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Pourtant, il nous est tous arrivé (enfin, je suppose ; moi ça m’est souvent arrivé en tout cas) d’être assailli par les correspondances, les coïncidences jetant des ponts entre notre vie et l’histoire que nous lisons.

C’est ce qui arrive à Maude avec les romans de Thomas Lubeigt.

C’est totalement par hasard qu’elle découvre ces romans, alors même que Thomas est un auteur à succès. Et c’est un coup de foudre : elle se met à tout lire. Et, petit à petit, elle remarque d’étranges coïncidences : soit elle vit les mêmes événements que les personnages au moment où elle lit, soit elle voit resurgir son passé entre les pages. Au point qu’elle pense que l’auteur et elle sont, d’une certaine manière, connectés, et Thomas devient pour elle une obsession.

Voilà un roman assez étonnant qui, tout en nous proposant une quête initiatique et l’histoire d’une renaissance, interroge les arcanes de la création littéraire : qu’est-ce qui se joue lorsque nous lisons ? Qu’est-ce qui se joue lorsque nous écrivons ?

De fait, l’écriture est bien un mystère, surtout lorsqu’elle devient prédictive, ou que les coïncidences sont trop exagérées pour être de simples coïncidences, et l’hypothèse soulevée par ce texte, qu’on l’appelle télépathie ou intercommunication des inconscients, a de quoi fasciner, ou tout au moins questionner. C’est, de fait, tout à fait ésotérique, mais pas seulement, car l’inexpliqué est aussi l’enjeu d’une analyse scientifique.

Ce serait un euphémisme de dire que ce roman m’a passionnée. Pour tout dire, je l’ai trouvé très cauwelaertienPas du tout dans l’écriture, honnête mais pas renversante non plus, mais dans les thèmes abordés et la manière mi-irrationnelle mi-scientifique d’aborder certains faits extraordinaires, et dans le personnage de Thomas, qui enlace les arbres et fréquente aussi bien des mediums que des scientifiques.

Je lui poserai la question si je la croise (c’est pas prévu mais on ne sait jamais de quoi la vie est faite), mais je suis à peu près sûre que Catherine Balance est une lectrice assidue de Didier van Cauwelaert (ou alors, c’est une coïncidence de plus à ajouter au crédit de ce roman, qui a failli me faire tomber de mon canapé à plusieurs reprises — c’est de la coïncidence mise en abyme)*.

Bref, un roman curieux, qui mérite qu’on s’y intéresse !

Une autre voix que la mienne (lien affilié)
Catherine BALANCE
Lattès, 2016

* Réponse : oui, elle est bien une lectrice de Didier van Cauwelaert, m’a-t-elle dit ! Donc ce n’est pas que je suis monomaniaque !

 

3 commentaires

  1. Violette dit :

    j’adore l’extrait que tu as cité. Par sa thématique, ne se rapproche-t-il pas un peu de L’amour et les forêts de Reinhardt?

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    1. Ah non, ce n’est pas cette idée-là !

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