Le Vertige des falaises, de Gilles Paris

Le Vertige des falaises, de Gilles Paris
Le Vertige des falaises, de Gilles Paris

Chez les Mortemer, on garde ses émotions pour soi. Elle vient d’attraper mes doigts, sans s’y accrocher cette fois, comme lors de nos promenades le long des falaises. On remonte lentement l’allée du cimetière, la maison des morts avec toutes ces tombes grisâtres où on été ensevelis des hommes, des femmes et des enfants que je n’ai pas connus et pour lesquels je ne ressens absolument rien. Tout comme avec grand-père et papa. J’ai mes raisons. Olivia s’appuie sur mon épaule et fait peser son grand âge. En un an elle a perdu un mari et un fils. Je serais presque heureuse de rentrer à la maison si maman n’était pas si malade. On n’a pas besoin des hommes. Ils n’apportent que du malheur.

Le dernier roman de Gilles Paris. A priori, pas celui dont il m’avait brièvement parlé lorsque nous nous étions rencontrés il y a 3 ans. Mais comme on le sait, un écrivain ne fait pas toujours ce qu’il veut avec ses histoires…

Marnie est une adolescente spéciale : solitaire et contemplative, elle vit avec sa mère et sa grand-mère dans une maison toute de verre et d’acier sur une petite île appartement presque entièrement à sa famille. Son île, elle ne veut pas la quitter : le Continent ne l’attire pas, elle ce qu’elle aime ce sont les falaises.

Par contre, elle déteste les hommes : son père, son grand-père, et elle n’a pas hésité à planter un compas dans le ventre d’un de ses camarades d’école. Elle a des raisons pour haïr les hommes. Des secrets de famille. Mais Marnie sait-elle toute la vérité ? Marnie dit-elle toute la vérité ?

Dans ce huis-clos insulaire à l’ambiance pesante, épaisse, pour tout dire assez anxiogène, les voix narratives se mêlent, alternent, en une chorale qui constitue les pièces d’un puzzle qui s’assemble petit à petit sous nos yeux. Marnie essentiellement, mais aussi Olivia, Géraud, Agatha, Vincy, d’autres très ponctuels : chaque point de vue, chaque regard est ici important pour que la Vérité se révèle.

Et c’est une vérité violente, qui fait mal. Les hommes n’ont pas le beau rôle, la plupart du temps, sauf lorsqu’ils son adolescents et peuvent espérer apporter un peu de lumière dans le chaos.

Un très beau roman encore une fois, dont l’ambiance n’est pas sans rappeler ceux de Daphné du Maurier : la grande maison solitaire, dont la transparence absolue n’est qu’un mirage, le mystère qui plane sur chaque page, et une certaine lumière, aussi, finalement…

Le Vertige des Falaises
Gilles PARIS
Plon, 2017

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