Nuits d’encre, de Françoise Rey

Oui, la première fois, c’est la promesse d’une longue série d’autres fois. Mais c’est aussi un deuil de quelque chose qui n’arrivera plus. Il ne peut pas y avoir plusieurs premières fois…

J’ai eu envie de lire Françoise Rey, une des grandes plumes de la littérature érotique française, à l’occasion de la réédition de ce recueil de nouvelles sur le thème de la nuit, paru pour la première fois en 1994.

Six nouvelles composent ce recueil. La première, « nuit de noce », assez longue, raconte la première nuit conjugale, dans un hôtel de Bruges de deux jeunes mariés, rédigée sous le coup de la passion violente que lui avait inspirée « l’homme aux yeux jaunes », celui de La Femme de papier. Viennent ensuite une « nuit viking » avec un puissant guerrier, une « nuit blanche », nuit de Noël neigeuse dans la cabine d’un routier, une « nuit noire » à la fin assez inattendue, des « nuits courtes » qui tournent court avec divers personnages, et une lettre écrite « après la nuit ».

Arrêtons-nous d’abord sur la première nouvelle, qui m’a fort déplu. Pourtant, cela commençait bien : un hôtel luxueux, du champagne, des personnages qui citent Baudelaire et qui intellectualisent l’érotisme — les tabous, les limites, les fantasmes. Bref, un univers qui me plaît. Mais. Tout, dans cette nouvelle passe par le dialogue.

Or, le dialogue, c’est extrêmement difficile, et pour tout dire casse-gueule, déjà en règle générale, alors dans le domaine érotique n’en parlons pas. J’ai trouvé qu’absolument tout dans cette nouvelle non seulement sonnait faux, mais encore était à certains moments parfaitement ridicule.

Résultats : j’ai souvent éclaté de rire, ce qui, on en conviendra, n’est pas tout à fait le but recherché lorsqu’on se plonge dans ce type d’ouvrages. J’ai aussi eu beaucoup de mal avec la relation de ce couple, très stéréotypée. Bref, pour moi cette nouvelle est un peu un exemple de ce qu’il ne faut pas faire.

Et c’est d’autant plus dommage que les autres nouvelles du recueil sont une vraie réussite : magnifiquement écrites, dans un style très métaphorique voire poétique, d’une grande sensualité et d’une vraie force érotique, mélange subtil d’élégance d’où jaillit la crudité, elles mettent en place des situations, des tons et des points de vue extrêmement variés, où les personnages vont au bout de leurs fantasmes (même si domine celui de l’inconnu puissant et viril qui vous prend sauvagement) et envoient valser les tabous.

Cela donne un recueil finalement inégal, et c’est dommage : je dirais donc qu’il faut le lire, mais en passant la première nouvelle, sauf si vous aimez les blablas, ce qui n’est pas trop mon cas !

Nuits d’encre (lien affilié)
Françoise REY
Tabou, 2017 (1994)

4 réponses à « Nuits d’encre, de Françoise Rey »

  1. Avatar de Jerome

    5 sur 6 c’est déjà pas mal, non ? Et je suis d’accord avec toi, Françoise Rey est une des grandes plumes de la littérature érotique française.

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Tout à fait ! Mais c’est la plus longue qui est décevante…

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  2. Avatar de la plume et la page

    C’est vrai que les blablas c’est vite lassant. Pas vraiment tentée…

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Pourtant les autres nouvelles valent le coup !

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