C’est un sujet d’écriture que j’ai proposé l’autre jour à mes étudiantes : choisir quelques parties de son corps et en raconter l’histoire, ou le lien qu’on a avec elle. Cela me rappelle un peu ce que j’avais fait autour de Paul Auster, il y a de cela quelques années. Alors essayons.
Mon nez. C’est la première partie de mon corps à laquelle je pense. Il faut dire que je le déteste. Il est tordu, avec une bosse. Je ne sais pas si cela vient d’un volplané que j’ai fait avec mon youpala lorsque j’avais quelques mois ou si c’est de naissance, mais le fait est, il n’est pas droit, ce qui me cause d’ailleurs d’autres soucis que purement esthétiques. Je pourrais le faire refaire. Je ne m’y résous pas. Cela étant, cela ne m’obsède pas non plus, de ne pas aimer mon nez…
Mes yeux. Eux, je les aime, mais cela n’a longtemps pas été le cas non plus, et ils ont une histoire un peu étrange. Longtemps, j’ai eu les yeux marron, banals, sans originalité. Et puis, à l’adolescence, ils ont subitement éclairci pour prendre une couleur verte qui tire vers le doré à la lumière. Et un jour, ça m’a sauté aux yeux (c’est le cas de le dire) sur une photographie où ils ressortaient particulièrement : ils étaient verts. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Alors souvent je dois les cacher derrière des lunettes de soleil (j’ai tendance à les collectionner) parce que je suis myope et extrêmement photosensible, encore plus depuis qu’il y a onze ans je suis accidentellement passée dans le faisceau d’un rayon laser. Mes yeux sont fragiles, ce qui fait qu’ils sont parfaitement le reflet de mon âme. Souvent, les hommes me disent qu’ils aiment mes yeux.
Mes oreilles. Longtemps (enfin, non, en réalité) j’ai eu les oreilles décollées. On m’appelait Dumbo. Et ça me faisait pleurer. C’est vrai que ce n’était pas très joli. Enfin bref : mes oreilles, c’est la seule intervention de chirurgie esthétique que j’aie subi jusqu’à ce jour, et cela restera probablement la seule.
Mes grains de beauté : ils sont innombrables et m’auraient sans doute conduite sur le bûcher à certaines époques historiques où on les considérait comme la marque du diable sur les sorcières (je dois vraiment avoir un lien très privilégié avec Lucifer pour en avoir autant). Il y en a quelques uns que j’aime particulièrement : celui que j’ai sur le pied gauche. Celui que j’ai sous l’œil. Les deux qui se correspondent, l’un sur mon ventre et l’autre sur mon dos.
Mes mains : il paraît que j’ai des mains de pianistes, qui ressemblent un peu à des araignées avec des longues pattes. Je n’ai jamais touché un piano de ma vie (c’est un petit regret, c’est si romantique le piano). Le majeur de la main droite est déformé par une bosse, à force d’écrire.
Globalement, je n’aime pas mon corps. Surtout en ce moment. Le corps, c’est notre interface avec le monde, et comme mon rapport au monde est compliqué, cela explique que j’ai tendance à martyriser le corps. A ne plus autant en prendre soin. A le cacher et l’oublier. Je n’aime pas mon corps dans son ensemble, mais seulement certaines de ses parties, certains de ses morceaux…









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