Parfois je suppose que tu ne sais pas exactement ce que tu ressens et que des choses insignifiantes prennent une place trop grande. J’ai des défauts, des vices, de la bestialité, pourtant, malgré cela, je pense vraiment que tu dois m’épouser et être amoureuse. Et pas seulement parce que, si souvent, je me dis que si tu ne l’es pas, la seule chose qui compte dans la vie disparaîtra. Je ne serai jamais comme toi, jamais rien d’approchant, mais j’ai l’impression que tu purges mes défauts. J’ai le feu en moi, en tout cas, et la connaissance. Je veux vivre et posséder le meilleur de la vie, et toi aussi. Tu es ce qui m’est arrivé de mieux, vivre avec toi rendrait mon existence dix mille fois plus belle. […] En tout cas, sache que je t’aime autant qu’il est possible à un être humain d’en aimer un autre. (Lettre de Leonard à Virginia).
Comment résister à un livre aussi joli, avec un titre aussi beau (qui vient de la lettre d’adieu que Virginia a écrit à Leonard avant de se suicider, même si chronologiquement le livre ne va pas jusque là) ? Comment résister à un couple aussi fascinant que Leonard et Virginia Woolf ?
Il s’agit d’une sorte de double biographie, dans laquelle Carole d’Yvoire raconte les premières années, la rencontre, le mariage puis la création de la Hogarth Press, l’enfant qu’ils n’ont jamais eu. L’ensemble est complété par les deux nouvelles qu’ils avaient publiées en 1917 pour l’acte de naissance de cette maison d’édition : « Trois Juifs » par Leonard Woolf, et « La marque sur le mur » de Virginia Woolf.
Un très très beau texte, très émouvant et détaillé, qui s’attache à comprendre le fonctionnement intime de ce couple assez complexe et fascinant : on a beaucoup glosé sur Leonard et son attitude envers la maladie de Virginia, et on l’a même, à l’occasion, accusé de n’avoir pas su la gérer et de l’avoir même empirée.
On n’en saura jamais rien, puisqu’on ne sait jamais vraiment, bien sûr, ce qui se passe dans un couple, mais il est assez évident que les « crises » de Virginia étaient probablement déconcertantes, qu’il devait se trouver assez démuni, surtout à l’époque. En tout cas, le texte ne juge pas, au contraire il en émane une immense tendresse, un amour profond entre deux êtres cabossés et éclopés qui ont trouvé l’un chez l’autre quelque chose qui pouvait les aider à avancer un peu moins difficilement.
Bref, un texte plein de charme, qui se lit finalement comme un roman, et nous permet, grâce aux nombreuses photos, extraits de lettres et de journaux, de mieux connaître Leonard et Virginia.
Leonard & Virginia Woolf. Je te dois tout le bonheur de ma vie
Carole d’YVOIRE
Livre de Poche, 2017









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