Une histoire est en train de s’écrire, celle d’un féminisme d’un nouveau genre, émergeant un peu partout sur la planète : des femmes se rassemblent pour cheminer vers l’expression de leur plein potentiel, avec authenticité et dans le respect des autres. Elles ne se pensent pas en opposition aux hommes, en sont encore moins leurs victimes. Elles reprennent leur pouvoir, celui d’une communication juste, du choix de leur place dans la société, du soin qu’elles apportent à leur corps et à la planète avec la conscience d’être reliées aux autres. Elles pacifient leurs conflits intérieurs, et c’est là le plus grand enjeu : ces femmes savent que ce n’est qu’en se changeant elles-mêmes qu’elles transformeront le monde, alors elles œuvrent pour mettre fin aux tensions qu’elles portent. Elles veulent pouvoir être à la fois fortes et vulnérables, se construire en alliance avec l’autre sexe et avec le leur, et perçoivent qu’en restaurant leur équilibre intérieur elles guérissent toutes les générations.
Toujours en pleines interrogations existentielles (j’y reviendrai) et dans mes recherches sur le féminin, je suis tombée l’autre jour sur ce livre dans mon flux Instagram, et je me suis dit que c’était exactement ce qu’il me fallait pour poursuivre mes investigations. Donc, aussitôt vu, aussitôt lu.
Il est question, ici, de féminin en tant que pôle et que force (le yin) et non de féminité au sens strict (pas de réflexion, par exemple, sur la parure, même s’il est beaucoup question du corps), et l’objectif est de revaloriser le côté féminin de notre être. Il se divise en trois parties.
Tout d’abord l’auteure mène une réflexion sur l’acceptation du corps, le cycle menstruel, les cicatrices, la nudité, le sexe ; il s’agit, aussi, de comprendre notre nature cyclique, liée là encore aux menstruations et à la Lune, et d’ailleurs, les amérindiennes appellent poétiquement les règles « les lunes » — pour ma part, si je suis lunatique et souvent dans la lune, je suis aussi, certains jours, mal lunée ; enfin, la réflexion porte sur les transformations du corps et les bouleversements que sont les premières règles et la ménopause.
La deuxième partie est consacrée au féminin profond : affirmer sa puissance (à ne pas confondre avec pouvoir ou domination : elle est simplement la capacité à agir sans se sentir muselée ou prisonnière), puissance qui naît aussi de la vulnérabilité et de l’acceptation de ses faiblesses ; prendre soin de soi et s’écouter, prendre du temps pour se ressourcer ; l’auteure s’intéresse également à la dimension sacrée de la sexualité (le couple étant un espace privilégié pour se connaître soi-même, et à la maternité (ou non-maternité).
Enfin, la troisième partie porte sur la spiritualité, la puissance créatrice, les cercles de femmes et les tentes rouges.
Cet ouvrage m’a vraiment beaucoup parlé car, nourri de témoignages et d’entretiens, il repose réellement sur l’expérience et non sur la théorie. C’est évidemment très spirituel, et en ce sens cela ne conviendra pas forcément à tout le monde, j’ai à l’occasion été un peu perplexe, mais dans l’ensemble il m’a tout de même beaucoup appris, même si l’idée essentielle est, de toute façon, qu’il faut écouter son instinct et son corps.
Surtout, cette lecture m’a permis de me rendre compte à quel point, ces derniers mois, j’avais évolué, sur de nombreux points : sans entrer dans les détails, je sais que certains passages m’auraient fait lever les yeux au ciel il y a seulement un an, alors que là pas du tout.
De fait, je me sens beaucoup plus à l’aise avec mon corps qu’auparavant, j’ai cessé de me bagarrer avec lui (je me suis faite à l’idée que plus jamais je ne logerai dans du 36), j’ai cessé de l’oublier aussi, je mange différemment, je ressens certaines choses différemment, notamment concernant mon rapport à la nature (imaginez un peu que j’ai de plus en plus envie d’une maison loin de la ville — à la mer, ou à la montagne : j’ai toujours une réticence quant à la campagne) et à la « spiritualité ».
J’accepte de montrer mes faiblesses (pas à tout le monde, hein).
Bref, les derniers mois ont été compliqués sur le plan émotionnel (et le sont encore), je suis encore parfois submergée par des tempêtes, il y a encore du chemin, mais j’ai avancé.
Je conseillerais donc vivement ce livre aux femmes qui ressentent le besoin de se reconnecter à elles-mêmes, si tout ne les convainc pas, elles trouveront sans doute matière à réfléchir, et c’est déjà beaucoup. Pour ma part, je vais essayer de participer à un cercle de femme, si j’en trouve !
La Puissance du féminin (lien affilié)
Camille SFEZ
Leduc.s, 2018









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