La fille aux coquillages

Instantané #81 (la fille aux coquillages)

Au printemps, je voulais faire une photo de coquillages, et je me suis rendu compte que je n’en avais plus que très peu : j’avais pas mal de galets glanés ici et là, mais mes trésors s’étaient perdus. Je ne sais pas pourquoi ces dernières années je n’en avais pas ramassé.

Alors ce fut une de mes occupations de l’été. De longues promenades à marée basse pour trouver des coquillages : sur le bassin, derrière le Mimbeau, dans les parcs à huîtres ; à l’océan surtout, près des blockhaus où les vagues les apportent en quantité.

Ce fut une activité émerveillante (je ne comprends pas pourquoi ce mot n’existe pas : et bien tant pis, je l’invente), l’impression de retrouver mon âme d’enfant. Les regarder tous, la variété des formes, des tailles, des couleurs. Dans une même espèce chacun est unique (sauf si on trouve une coquille double), tout en ressemblant à son voisin.

Émerveillement de trouver ce que je ramassais déjà petite : les coques, les roudoudous, les palourdes, les bigorneaux, de très belles coquilles d’huître façonnées par les vagues) ; émerveillement de ramasser à foison ceux qui étaient forts rares à l’époque : les nacres, les petites ailes de papillon, les tellines ; et puis déception un peu de ne pas trouver certains d’entre eux : les couteaux notamment étaient très rares.

Un après-midi, mon père est allé en chercher quelques uns dans l’idée d’aller à la pêche (chez nous on ne les mange pas), là encore une activité de vacances quand j’étais enfant ; il est revenu avec un seau de coques que j’ai cuisinées avec des linguine, faute d’avoir croisé un seul couteau.

Je n’ai pas trouvé non plus de coquilles Saint-Jacques, ni de ces longs coquillages en colimaçon.

La nature m’a néanmoins offert une merveille comme elle seule les produits : toute à ma recherche, j’ai vu un jour arriver à mes pieds, apporté par une vague, une merveille de coquille dentelée par les années et qui m’a éblouie :

Coquillage en dentelle offert par une vague
Coquillage en dentelle offert par une vague

Au retour, je les ai lavés et séchés avec amour, puis je les ai à nouveau regardés un par un en essayant de les classer par variété, par taille, par couleurs.

Cela m’a pris une bonne partie de la journée, concentrée comme rarement, comme si je faisais un mandala. Ensuite, je les ai rangés dans de petits pots qui trônent dans ma bibliothèque. Certains diront que ça tient de la place ; moi je dis que c’est joli, poétique, et que ça apporte de la joie.

Ce n’est pas seulement un « souvenir de vacances » : c’est aussi un moyen pour moi de rester reliée à mon élément, l’eau, l’océan, lorsque je suis loin de lui, pendant les saisons intérieures dont je vous parlais mercredi.

Cet hiver, je les ressortirai, et armée d’un bon livre sur le sujet, j’essaierai de trouver le vrai nom de ceux que je ne connais pas : je crains fort en effet que « roudoudou » ne soit pas très scientifique comme appellation. Et cette activité me rendra heureuse !

4 commentaires

  1. Miss Zen dit :

    J’adore ça aussi : ç a me fait toujours un bien fou et ça me rappelle tellement de souvenirs !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.