Je suis peut-être ridicule, fait Flood d’une voix que la colère enfle, mais vous, Mr. Blank, vous êtes cruel… cruel et indifférent à la douleur d’autrui. Vous jouez avec la vie des gens et vous n’assumez pas la responsabilité de ce que vous avez fait. Je ne vais pas rester ici à vous accabler de mes ennuis, mais je vous en veux pour ce qui m’est arrivé. Je vous en veux très sincèrement, et je vous méprise.
Cet été, j’ai lu plusieurs romans de Paul Auster. J’ai notamment enfin achevé la trilogie new-yorkaise dont je n’avais lu que le premier volet ; cela peut sembler étonnant pour une austeromane, mais ces romans ne m’attiraient pas beaucoup, et de fait, je n’ai pas plus aimé que ça. Je crois que je préfère le Paul Auster de la maturité. Et puis, je suis tombée sur ce roman, Dans le scriptorium.
Un drôle de roman, pour le coup : j’avais d’ailleurs commencé à le lire avant de terminer la trilogie, mais je me suis vite rendu compte qu’il manquait des pièces.
Un vieil homme, Mr. Blank, se réveille dans une chambre, sans souvenir de qui il est. Tout au plus ressent-il un vague sentiment de culpabilité, sans savoir pourquoi. Au fil de la journée des gens lui rendent visite, des gens dont il ne se souvient pas mais qui l’accusent de leur avoir fait des choses horribles.
Prodigieux et vertigineux, ce roman est une gigantesque mise en abyme de tous les romans qui précèdent, et constitue donc un jeu de piste : qui est qui, qui vient d’où, de quel roman ? Mr. Blank, c’est bien sûr Auster lui-même, face à ces personnages qu’il a créés et qui veulent se venger de ce qu’il leur a fait. Cela donne au final une réflexion assez curieuse sur l’écriture et la création…
Dans le scriptorium (lien affilié)
Paul AUSTER
Traduit de l’américain par Christine Le Boeuf
Actes Sud, 2007









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