La nostalgie

La nostalgie

L’autre jour, je m’interrogeais sur ce qui me rendait nostalgique, et sur ce que c’était, finalement, que la nostalgie, ce parfum venu du passé. En occident, nous avons tendance à l’assimiler à la tristesse, celle des choses révolues, enfuies, que nous ne retrouveront plus. Au Japon, il s’agit au contraire d’un sentiment doux, et heureux : la joie d’avoir vécu ces moments, même s’ils ne sont plus.

Quand je dis « en Occident » et « au Japon », ce n’est pas tout à fait vrai : bien sûr, il y a des tendances dans la manière dont une culture voit le monde. Mais c’est aussi une question d’individu, et, je crois, de moment dans la vie : longtemps, je me suis attachée au passé, certaines odeurs (je suis très olfactive), certains plats. En travaillant sur mon voyage poétique consacré aux cinq sens, je me suis rendu compte d’ailleurs qu’il y était beaucoup de ça : les souvenirs qui surgissent à l’occasion d’un parfum, d’un goût ou d’une musique, heureux ou non, d’ailleurs, mais puisqu’on parle de nostalgie, on va rester sur les souvenirs heureux, ceux qu’on chérit.

Bien sûr, il y a parfois de la tristesse, lorsque les souvenirs sont liés aux gens qui ont disparu et aux amours mortes. Mais le plus souvent, aujourd’hui, ma nostalgie est plus joyeuse : longtemps je me suis attachée au passé parce qu’il était plus doux que le présent, et plus fiable que l’avenir en qui je n’avais pas trop confiance. Aujourd’hui, le présent est plus doux, la plupart du temps, et l’avenir me fait des signes gentils, je crois. Alors la nostalgie est plus heureuse.

Samedi, j’ai reçu le ruban que j’avais commandé pour la machine à écrire que j’ai récupérée cet été, et je me suis donc un peu amusée avec. Ce n’est pas la même que celle avec laquelle je m’amusais enfant (j’en ai d’abord eu une jouet, puis une vraie Olivetti qui pour l’instant demeure introuvable). Mais le bruit des touches me rappelle tout de même ces moments passés à écrire « comme un écrivain » et à me rêver telle. Il y a quelque temps, peut-être que j’aurais eu un pincement au cœur en pensant aux rêves évanouis. Aujourd’hui, le rêve est ressuscité et j’ai souri en pensant qu’heureusement pour les oreilles des voisins d’écrivains, on avait trouvé des outils plus silencieux…

9 commentaires

  1. Angélique dit :

    Très jolie réflexion sur le temps qui passe.

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  2. bedunette dit :

    La nostalgie n’est plus ce qu’elle était :)))
    Je regarde avec beaucoup de nostalgie l’ancienne présentation de Cultur’elle, que je préfère à celle-ci nouvelle, plus dans l’air du temps !

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    1. Ah tu trouves qu’elle est plus dans l’air du temps ? En fait c’et pour harmoniser avec le futur site de mon entreprise 😉

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  3. Nathalie dit :

    J’habite Limoges. Au début, je me plaisais puis, quelques années plus tard, j’ai ressenti à nouveau le besoin de partir ailleurs et même de retourner en Normandie, ma région coup de cœur, mon passé heureux.
    Est-ce un fantasme, une fuite de soi ?
    La nostalgie est présente dans mon quotidien.
    Je crois qu’on dit « saudade » en portugais ? C’est plus joli.
    Bon dimanche ensoleillé.

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    1. Je crois que la saudade c’est encore différent, c’est une joie à être triste, enfin c’est intraduisible…

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  4. Nathalie dit :

    Dans un ancien Flow, un article parlait de la saudade comme d’une nostalgie.
    Pour moi, la tristesse s’apparente plus à une douleur.

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    1. Oui, j’ai dû lire cet article… mais vraiment je crois qu’il n’y a pas de mot dans les autres langues pour la décrire

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