Mes aventures végétales

Cultiver son jardin

L’autre jour, ma maman m’a raconté quelque chose qui m’a fort étonnée. Que lorsque j’étais petite, j’aimais tellement les fleurs et les plantes que je préférais qu’on m’en offre plutôt que des jouets et des peluches. Je n’en ai aucun souvenir. Je me souviens plutôt, pendant l’essentiel de ma vie, d’un désintérêt profond pour tout ce qui est végétal. Sauf les fleurs.

En fait, avant d’emménager dans mon appartement actuel (je vois cet événement comme une charnière dans ma vie, qui en préparait une autre qui a eu lieu la même année un peu après), je ne m’intéressais pas aux plantes, je n’en avais pas, et lorsqu’une avait le malheur de m’être offerte, elle mourait immanquablement peu après, parce que je ne m’en occupais pas, je ne l’arrosais pas, je ne lui prêtais même pas attention. Et leur présence ne m’apportait rien. J’essayais de cultiver plantes aromatiques et tomates sur mon balcon, mais ce n’est pas moi qui faisait les plants : juste j’apportais le pot, je l’installais sur le balcon, et j’essayais de penser à les arroser.

Quant à me promener dans la nature, inutile d’y songer. D’ailleurs, dès que je marchais dans l’herbe, mes jambes se couvraient de plaques rouges.

Et aujourd’hui, six ans après, il ne faut pas me lâcher dans une jardinerie. J’ai une véritable jungle urbaine que je me retiens d’agrandir, mais qui colonise une partie de mon appartement, essentiellement le salon où les plantes se plaisent beaucoup, et un peu le bureau (pas la chambre qui manque de lumière). Je fais des boutures. Je sauve des plantes mal en point. Quant au balcon, il devient année après année un temple végétal où j’ajoute petit à petit de nouvelles choses, et je prends un plaisir infini au jardinage. Cette année, j’ai planté un camélia, de nouvelles fleurs (de la camomille et des zinnias) et de nouvelles choses à manger, des fraises et des radis. Un véritable petit jardin, en attendant le jour où j’aurai trouvé ma maison. Et en été, c’est un lieu où je passe beaucoup de temps.

J’ai créé un rapport intime avec le monde végétal. Le massacre de mon sureau m’a traumatisée (il va mieux : il a de belles branches vertes, mais évidemment pas de fleurs, alors que j’aimais tant les cueillir et les cuisiner, et il ne m’apportera pas de fraîcheur cet été).

Jusqu’alors, je me disais qu’en vieillissant, on change. Mais j’ai désormais une nouvelle perspective : ce n’est pas que j’ai changé, c’est que j’ai retrouvé une part de moi que j’avais occultée pendant la plus grande partie de ma vie. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais c’est comme avec la peinture, le collage, les collections de coquillages : des choses que j’adorais faire quand j’étais enfant, et que j’avais oubliées.

Alors c’est peut-être ça, vieillir : non pas changer, mais retrouver l’enfant qu’on était.

10 commentaires

  1. James Jones dit :

    Des fois, on ne peut saisir cette envie de faire ou refaire ainsi des choses qu’on faisait plus jeune.
    Pour le végétal, je peux le comprendre d’une certaine manière.
    Tout petit et jusqu’à tard, j’étais pas trop fan de végétation 😁, et ce malgré que mon père avait une main verte. Je me souviens assez bien pour le coup de jardins avant/après son passage…
    … Le jour et la nuit !
    Un potager de rêve. Et une attention particulière aux plantes.
    Pourtant lui-même n’aimait pas trop ça, étant enfant.
    Il a appris sur le tas, et je dirai qu’il a assez bien après.
    Maintenant je l’imagine en jardinier tranquille, là haut…
    De mon côté, cela m’est venu par le fait de travailler dehors par mon travail (mon site était dans une forêt), et par envie de me changer les idées.
    Et de fil en aiguille, de plantation (ou tentatives 😁 au début) en semis, en découverte du monde végétal, j’ai appris à l’apprécier, à le choyer.
    Et les plantes vous apportent une certaine expérience de la vie, une humilité, une part d’humanité et de relativité, par rapport au monde (humain).
    Assez enrichissant en somme.
    Je peux comprendre cet amour des plantes, car à leur manière, elles le rendent aussi.

    Bonnes boutures et plantations 😊🌲

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    1. Oui, je trouve cela très enrichissant et gratifiant, de les voir pousser !

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      1. James Jones dit :

        On se surprend à leur donner des petits noms 😁🌲🌲

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        1. Oui, cela arrive !

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  2. camarlette dit :

    La dernière phrase de ce beau billet est particulièrement réjouissante ! 🙂

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  3. lizagrece dit :

    Je ne sais si vieillir nous fait changer. Peut-être que je deviens plus sage … Mais pas comme celle que j’ai été qui détestait sa condition d’enfant

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    1. Je n’aimais pas non plus, parce que j’ai toujours eu horreur de ne pas faire ce que je voulais…

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  4. cora85 dit :

    Oui, on ne change peut-être pas, on se reconnecte à l’enfant que l’on était. Bonne semaine !

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