Dans un des épisodes de la deuxième saison d’En Thérapie, le docteur Dayan dit à l’un de ses patients : « Vous savez, à la fête foraine de l’angoisse, vous n’êtes pas obligé d’essayer tous les manèges« . Cette phrase m’avait beaucoup fait rire tant je m’étais sentie directement concernée. Elle avait aussi beaucoup amusée ma thérapeute.
On (Robert) définit l’angoisse comme un malaise psychique et physique, né du sentiment de l’imminence d’un danger, ou inquiétude métaphysique née de la réflexion sur l’existence.
Cela fait très longtemps que je n’ai pas fait de crise d’angoisse à proprement parler. Enfin, longtemps, quelques mois : ma dernière vraie crise d’angoisse c’était au sortir du confinement, je me suis retrouvée dans un bus parce que ma voiture était au garage et j’en suis sortie en panique à cause du masque et j’ai fait les kilomètres à pied ; après, j’ai mieux géré le fait que le masque me provoquait des crises mais je l’ai souvent arraché avant que la crise ne vienne. Et je ne sortais que le moins possible de chez moi, aussi.
Avec le temps, j’apprends globalement à mieux les gérer et à les empêcher de prendre le contrôle. Néanmoins j’ai toujours un flacon de Rescue dans mon sac au cas où (c’est peut-être purement un effet placebo mais ça me fait du bien), des grigris qui me rassurent. La plaquette d’anxiolytiques n’est jamais très loin non plus.
Parce que je sais que je suis une grande angoissée : je ne me sens presque jamais en sécurité. J’ai toujours l’impression d’un danger diffus prêt à me fondre dessus. Ce qui est compliqué dans mon travail alimentaire, qui tend à accentuer mes angoisses, je suis toujours sur le qui-vive. D’autant qu’en ce moment, le danger n’est pas diffus : il est réel. L’angoisse se double de peur.
Et l’autre jour, je me suis mise à tourner en boucle sur cette idée qu’au bout de quatre ans de thérapie et de travail sur moi, j’avais réussi cet exploit (pour moi) de sortir plus parce que je parvenais à me sentir en (relative) sécurité ailleurs que chez moi, et que tous ces efforts risquaient d’être réduits à néant. J’étais au bord de faire une crise d’angoisse générée par l’angoisse d’être angoissée.
Mais encore une fois j’ai réussi à tenir la barre. Je pense que le fait d’être davantage ancrée ces derniers temps, et d’avoir des habitudes qui m’apaisent, aide vraiment.
Il n’empêche que le seul lieu où je me sens en sécurité, c’est chez moi. Bien sûr, je sors et pas seulement parce que j’y suis obligée, je voyage même et j’adore ça, mais il y a toujours ce fond d’appréhension, de vague sentiment d’insécurité. D’inquiétude. Mais je ne sais même pas de quoi.
D’autant que chez moi, il y a toujours, en arrière-plan, l’angoisse métaphysique : qui suis-je, où vais-je, est-ce que le monde a un sens et s’il n’en a pas, alors quel est l’intérêt ? Et si ma vie continuait à n’être comme ça qu’un long jour sans fin où tel le hamster dans sa roue je cours sans parvenir à changer les choses ?
Dans le tarot, l’angoisse est représentée par le 9 d’épées : une femme, dans son lit, assaillie par des cauchemars qui sont le fruit de ses ruminations mentales : ils ne sont pas réels et en même temps, ils le deviennent à force de tourner dans son esprit.
C’est le problème avec l’angoisse : bien sûr, certains contextes (et le contexte actuel particulièrement) constituent un terrain favorable et un catalyseur. Mais l’angoisse n’est pas la peur qui, elle, se manifeste lorsque l’on est objectivement face à un danger. L’angoisse est plus diffuse. Plus perverse, aussi. Parce que c’est nous qui la faisons naître et la nourrissons.
Et je crains, malheureusement qu’on n’y puisse rien : on peut apprendre à vivre avec et à mieux gérer, à ne pas monter dans tous les manèges, et c’est déjà bien. Faire disparaître totalement cet état d’inquiétude, je ne suis pas certaine que ce soit possible, mais je veux bien votre avis sur la question.









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