L’autre jour, une lectrice m’a posé cette question ma foi fort intéressante : est-ce que j’écris toujours au même endroit, ou bien si je peux écrire dans différents lieux ?
Une question assez simple, finalement, mais dont la réponse ne l’est pas : ça dépend.
Alors déjà, ça dépend de ce qu’on entend par « écrire ». S’il s’agit d’écrire un article de blog ou ma newsletter ou un post pour Instagram, je peux écrire un peu partout à condition bien sûr d’avoir mon ordinateur. Un peu partout, mais néanmoins pas dans des lieux où il y a du monde : j’ai essayé d’écrire dans les cafés, dans les aéroports ou les trains et là, à part quelques notes dans mon journal, c’est rigoureusement impossible.
Pour l’écriture littéraire, la réponse pourrait paraître assez simple : chez moi. Mais chez moi, cela peut être mon bureau (je ne suis pas de ces nomades qui transportent leur ordinateur un peu partout dans la maison pour s’installer avec dans leur lit, leur canapé ou sur la table de la cuisine : j’ai un bureau, c’est là que j’écris ; je fais juste une exception, parfois, pour le balcon) mais cela peut aussi être un appartement que je loue pour les vacances et qui instantanément, à partir du moment où j’ai défait mes valises, devient chez moi. Mais pas une chambre d’hôtel.
Je ne parviens pas du tout à écrire dans ma chambre, chez mes parents (alors que c’est là que tout a commencé), par contre j’y arrive dans ma chambre dans l’appartement qu’on loue l’été au bord de la mer. Je ne m’explique pas ce paradoxe.
En fait pour écrire, j’ai besoin de certaines conditions qui ne sont finalement réunies que « chez moi » : le silence et ça c’est essentiel, même la musique me dérange mais je crois que je suis surtout attachée aux bruits blancs environnementaux qui me rassurent (écrire avec des boules quies ou un casque antibruit m’est impossible également) ; un environnement inspirant (toutes mes images devant mes yeux, ou bien un lieu que je ne connais pas bien et qui fertilise ma créativité) ; mon cappuccino ; des odeurs familières.
En fait, j’ai besoin de me sentir en sécurité et de savoir que je ne serai pas violemment interrompue, comme quand je dors : lorsque j’écris (des textes littéraires), je suis vraiment en état de flow et pour ainsi dire en état de conscience modifiée, je ne suis plus vraiment « là », et pour me mettre dans cet état, évidemment, j’ai besoin de certaines conditions.
Et dans ces cas-là, je suis comme absorbée, il peut se passer n’importe quoi autour de moi je ne le verrai pas (un après-midi, alors que mon bureau était devant la fenêtre, je ne me suis pas rendu compte qu’il neigeait et lorsque j’ai réagi il y avait trois bons centimètres dans la cour). Donc chez moi, où je suis en sécurité, seule.
La seule exception, c’est une nouvelle érotique, que j’ai intégralement écrite pendant une réunion mortellement ennuyeuse. Cela dit, c’est le processus narratif de la nouvelle en question : le narrateur écrit pendant qu’il est en réunion.
Donc voilà : question simple, réponse compliquée comme toujours avec moi. Et vous, où écrivez-vous ?









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