Force est de constater que les philosophes ont beau nous alerter, rien n’y fait. « All you need is love ! » n’est pas seulement le titre d’une chanson légendaire mais une maxime largement partagée. On aime, on veut aimer, on veut vibrer !
Je ne sais plus du tout où j’ai entendu parler de ce court essai de Marianne Chaillan, mais le fait est qu’il a tout de suite rejoint ma liste, et très rapidement je me le suis procurée. Il faut dire que peu de livres sur le sujet de l’amour et du désir, mon sujet, on des chances de m’échapper, même si je suis un peu méfiante vis-à-vis des pensées des philosophes sur la question.
Et c’est justement le point de départ de Marianne Chaillan : là où beaucoup de philosophes condamnent l’amour et le désir, rejettent l’état amoureux, elle entreprend d’en faire l’éloge et de le célébrer. Parce que l’amour est le sel de la vie, et ce qui la rend vivante.
La première partie est consacrée au bouleversement et à l’émerveillement de la rencontre amoureuse : l’apparition et le ravissement par l’autre, cette question du pourquoi cet être en particulier et pas un autre (rien de rationnel), le caractère mimétique du désir. Faire l’amour, l’érotisme et la contagion du désir.
Mais ce ravissement a un revers, qui est abordé dans la deuxième partie, celui de la douleur : le désir impossible à assouvir, les agitations de l’âme et cette impression d’être dépossédé de soi, jouet de la fatalité. La lutte contre soi et ce sentiment qui nous envahit. L’illusion et la déception qu’elle engendre.
Comment être heureux, alors, se demande l’autrice dans la troisième partie ? Et bien, en acceptant le désir pour ce qu’il est, flux et impermanence. Ne pas essayer de mettre éros en cage mais apprendre à aimer en acceptant la douleur et la fin possible, douleur patinée de sublime car elle est l’envers d’un endroit radieux, et le refuser c’est refuser de vivre. La fin ne doit pas faire oublier les joies vécues, et le fait que le désir est ce qui nous permet d’exprimer notre pulsion de vie.
Un essai court, mais lumineux : j’avais envie de tout noter tant c’est beau, puissant, inspirant. Nourri de philosophie bien sûr, mais aussi de littérature, de poésie et de pop culture, il nous pose des questions vertigineuses et nous invite à forger notre propre pensée sur le sujet, grâce à une analyse stupéfiante de ce que l’amour et le désir amoureux nous font, comment on veut y résister et comment on ne peut pas, car y résister, c’est renoncer à être pleinement vivant !
A la folie, passionnément : éloge philosophique du désir amoureux (lien affilié)
Marianne CHAILLAN
Equateurs, 2023 (Points Seuil, 2024)
Caroline Doudet 
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