A chaque minute sur terre on tue, mais on a les mains propres. Moi non. J’ai de la couleur sur les mains. Je capture les âmes et j’élimine les corps. Dieu fait la même chose, non ? Mais le diable, au moins, il se dénonce. Il expie ses fautes, quand il se trompe. Ou quand il a une absence. Demandez à votre voyante.
Je suis toujours en panne de fiction. Non seulement je ne parviens pas tellement à en écrire, mais j’ai également beaucoup de mal à en lire. Pourtant, il y a quelques semaines, j’ai commencé à lire un roman qui me plaît plutôt, mais j’ai du mal à m’y plonger.
Aussi j’ai décidé de sortir l’artillerie lourde : Didier van Cauwelaert, dont les livres me font toujours sortir de mes blocages. C’est une solution que je réserve aux pires cas, parce qu’il n’en reste plus beaucoup que je n’ai pas encore lus (j’ai fait la liste : il m’en manque trois après celui-ci, et trois qui vont demander des recherches car ils ne sont plus disponibles). Et mon choix s’est porté sur ce recueil de nouvelles.
Trois nouvelles le composent : « Vous êtes mon sujet », dans lequel une étudiante harcèle l’écrivain qui est son sujet de thèse, en cherchant à déclencher les drames qui le font écrire ; dans « Attirance », un peintre s’accuse d’avoir tué deux de ses modèles, et obsède la juge d’instruction chargée de l’affaire ; enfin, « La maîtresse de maison » nous raconte l’histoire d’un homme qui tombe amoureux (au sens propre) d’une villa en bord de mer et du fantôme de son habitante.
Bien qu’indépendantes, les trois nouvelles sont liées, non seulement par la thématique de l’obsession, l’ambiance plus ou moins fantastique, mais aussi par des chemins plus souterrains et mystérieux, et certains personnages. Les trois sont formidables et encore une fois l’humour léger et la puissance d’écriture de Cauwelaert m’ont conquise, et la mission est parfaitement remplie pour ce recueil. Les trois nouvelles m’ont plu, mais alors la dernière est un véritable petit bijou de mystère, de désir, d’érotisme même, et m’a transcendée.
De plus, il s’est produit une petite synchronicité amusante avec ce recueil. Je l’ai commandé au « hasard », sans regarder de quoi il était question. Et. La première nouvelle, « Vous êtes mon sujet », je l’avais lue il y a des années, car elle était parue dans les nouvelles de l’été du magazine ELLE (je l’ai toujours d’ailleurs dans cette version). Et cette nouvelle, que j’avais plus ou moins oubliée, en tout cas consciemment, est un des nombreux éléments à l’origine de la nouvelle parue dimanche dans l’Escale Amoureuse (c’était prévu de longue date). Je ne sais pas trop quoi penser de cette synchronicité, mais elle m’a ravie.
Attirances (lien affilié)
Didier van CAUWELAERT
Albin Michel, 2005 (Livre de Poche, 2007)