Rose aimait que la vie soit un long fleuve tranquille, que tout soit lisse à la surface et que rien ne vienne désordonner son quotidien. Quand on redoute les surprises, ne rien laisser au hasard est une bonne idée, parce que la plupart du temps, Rose avait peur. Elle avait peur de la nuit, elle avait peur de la foule, elle avait peur des chiens et des chats, elle avait peur de la maladie, des lieux inconnus et par-dessus tout, elle avait peur des supermarchés. Ainsi, dans sa vie, tout était longuement planifié.
L’année dernière, j’avais beaucoup aimé mon premier séjour à Héyo, petit village fictif du pays Basque créé par Nathalie Longevial, et où il fait bon vivre. Je ne suis pas la seule à avoir aimé Héyo, et tous ses lecteurs ont réclamé une nouvelle histoire s’y déroulant, et pour notre plus grand bonheur, Nathalie nous a exaucés.
Rose vient d’avoir 50 ans. Elle aime que sa vie soit sans surprises, et y a tout réglé comme du papier à musique, d’autant que ses multiples angoisses viennent d’être aggravées par un drame. Protégée par son entourage, elle ne sait rien faire par elle-même. Et pourtant, elle qui déteste les surprises, le changement et l’imprévu hérite d’une maison à Héyo, dont elle n’a jamais entendu parler, et plutôt que de céder à l’impulsion de la vendre, elle décide que c’est peut-être le moment pour elle de prendre sa vie en main, fait ses bagages et part s’installer pour quelques semaines dans le petit village, sans dire à personne qui elle est.
J’ai bien évidemment adoré ce roman, d’autant plus que sa lecture a été marquée par une synchronicité : je l’ai commencé alors que je lisais aussi Maintenant ou jamais, et j’ai été frappée par le fait que la transition du milieu de vie, accélérée et mise en lumière par le drame qu’elle vient de subir, c’est exactement ce que vit Rose : tout est remis en cause dans son existence, et elle éprouve le besoin de partir à la recherche d’elle-même, de se réinventer dans un nouveau lieu où personne ne la connaît et ne la traite comme la petite chose fragile qu’elle ne veut plus être : elle a besoin d’être réparée, d’envoyer valser ses croyances limitantes et de trouver sa maison.
Et quel lieu plus propice à cela qu’Héyo, véritable cocon où les gens sont gentils, bienveillants, accueillants : une véritable utopie, et ce fut un véritable plaisir d’y revenir et de retrouver ses personnages attachants, Sophie, Roger, Ida, Estebàn. De faire la rencontre de Gorka, un ours à première vue mal léché mais qui cache un homme plein de belles qualités. Et Hermine, une magicienne qui répare les gens. Parce que tous ces personnages sont un peu cabossés, ont vécu des événements douloureux, tout comme elle, et elle les aide à avancer un peu plus droit.
Héyo, c’est une sorte de village de repos pour les êtres abîmés par la vie.
Une très belle réussite une nouvelle fois : Nathalie Longevial sait nous offrir des histoires qui réchauffent le cœur et l’âme, et les faire avancer sur le fil ténu entre la joie, la légèreté, l’amour, et la tristesse. Il y a des moments d’une grande beauté, d’une grande poésie, qui donnent de l’espoir en la vie, et en l’humanité !
La maison sur la place (lien affilié)
Nathalie LONGEVIAL
2024









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