Et si le sexe n’était pas qu’affaire d’initiation, de découverte, et de joyeux ébats dans les affres de la transgression ? Et si les personnages étaient unis par autre chose que leurs désirs primaires ? Et si, de surcroît, ils s’aimaient ? Dans quelle mesure cela changerait-il la donne ?
C’est le défi que j’ai lancé aux autrices de ce recueil. Qu’elles préfèrent appeler ça amour, passion, affection profonde importait peu. Ce qui comptait, c’était qu’il y ait, en plus du sexe, cette connexion supplémentaire, cet élan des âmes au-delà des corps, ce désir de chérir, de s’offrir et posséder l’autre dans son entièreté. Car c’est à ce prix, osai-je rêver, que, un texte pourrait toucher au sublime.
Pour constituer ce recueil d’histoires érotiques au féminin, Octavie Delvaux, qui l’a dirigé, a invité 13 autres autrices à s’intéresser aux liens entre l’érotisme et l’amour, entre le frottement des corps et celui des âmes. C’est d’ailleurs un sujet qu’Alexandre Lacroix aborde dans son essai Apprendre à faire l’amour, et qui m’a tellement donné à penser que ce sera l’objet de la prochaine Escale Amoureuse : est-ce que l’amour (ou tout au moins un lien d’affection, une connivence entre les personnes) apporte une plus-value à l’érotisme ? Fait-on l’amour différemment avec quelqu’un que l’on aime (quelle que soit la forme d’amour) ? J’y répondrai encore une fois en tant que femme, et en tant qu’autrice. Mais j’imagine que vous vous doutez de ma conclusion.
Pour en revenir à ce recueil et à la réponse qu’il apporte à cette question essentielle, il se compose de quatorze textes de quatorze autrices, certaines que j’avais déjà lues (Octavie Delvaux, Zoé Vintimille, Anne Vassivière, Clarissa Rivière, Flore Cherry), d’autres que je découvrais (Rita Perse, Claire von Corda, Camille Sorel, Chloé Saffy, Gala Fur, Léa Grosson, Rose Brunel, Aurélie Stefani et Alda Mantisse), et c’est donc la variété qui domine, puisque chaque autrice a pris le défi lancé lancé par Octavie Delvaux d’une manière qui lui est propre.
Et comme toujours dans ce type de recueils, chacun y trouvera de quoi satisfaire son imaginaire, ou ne pas le satisfaire. Ce qui permet aussi, d’ailleurs, de voir là où ça résiste : ce qui ne nous excite pas en dit autant sur nous que ce qui nous excite.
Certaines nouvelles m’ont donc littéralement enchantée : celle d’Octavie Delvaux elle-même, qui ouvre le recueil et que j’ai trouvée très réussie dans sa dimension champêtre, celle de Léa Gosson, autrice que je découvre à l’occasion, et qui correspond parfaitement à mon imaginaire décadent, celle de Flore Cherry, très subtile. Les deux que j’ai préférées sont celles de Zoé Vintimille, un petit bijou de sensibilité et de délicatesse, et celle d’Anne Vassivière, parce que son personnage, qui s’appelle Juliette, n’a pas été sans me rappeler mon Aimante, et que l’histoire elle-même mêle poésie et amour et érotisme de manière magistrale.
Il y en a d’autres que j’ai trouvées originales et bien écrites mais qui n’étaient pas mon truc, d’autres auxquelles je n’ai pas trouvé grand intérêt mais qui plairont, j’en suis certaine !
Dans l’ensemble, ce recueil qui décline toute la gamme de la passion amoureuse et de la sensualité, est un véritable plaisir de lecture.
Ardentes. Histoires érotiques au féminin (lien affilié)
La Musardine, 2025









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