Parties communes, d’Anne Vassivière

Et gâteau sous la cerise, son pot à miel ressemble à l’Origine du Monde de Courbet. Saisissant.
Mme Duderval EST l’Origine du Monde.
Elle est le chefs-d’œuvre inégalable de ma collection de tableaux érotiques vivants. Titien, Véronèse et même Raphaël n’ont jamais rien fait de plus beau.
L’homme et la femme se rencontrent à l’intérieur de la femme, non ?
On ne se rencontre soi-même qu’à l’intérieur de la femme.
Le siècle des Lumières est né dans des salons de femmes, et il faut que Jésus rencontre Marie-Madeleine pour faire Eglise, non ? Voilà pourquoi j’ai la vocation. Voilà pourquoi j’ai vraiment la vocation.

Point G est la nouvelle collection de romans érotiques au féminin des éditions de La Musardine, dirigée par Octavie Delvaux. Une collection écrite par et pour les femmes, où la sexualité féminine est épanouie et assumée, et où l’érotisme apparaît comme une forme de féminisme moderne. Vous pensez bien que tout cela me parle, et je me suis donc précipitée sur l’un des deux premiers ouvrages publiés, Parties Communes d’Anne Vassivière.

Quelles peuvent bien être les pensées les plus intimes de nos voisins ? Comment est leur vie sexuelle ? C’est ce que nous propose de découvrir ce roman, qui nous plonge dans l’intimité des habitants d’un immeuble parisien à la manière de La Vie mode d’emploi de Pérec : fantasmes, désirs, vie sexuelle torride et pleine d’imagination, chacun a des choses à dire sur le sujet, même les plus prudes en apparence…

Résolument réjouissant, ce roman est une ode à la circulation du désir. La multiplication des points de vue donne des choses parfois très drôles dans le dialogue des personnages dans leur for intérieur : tel croit faire plaisir à sa femme par une pratique ou une autre qui en fait ne l’émoustille pas tant que ça, tel autre connaît mal ceux qui l’entourent.

L’ensemble oscille entre la plus grande crudité et la poésie la plus subtile selon que le personnage qui s’exprime : car l’une des plus grandes réussites de ce roman est que chacun possède vraiment sa voix, unique et inimitable, et qu’un véritable travail sur la langue a été effectué (il est émaillé, du reste, de très beau passages sur l’écriture).

Après, certains personnages peuvent paraître au départ assez caricaturaux (la propriétaire bonne catholique très prude, le pompier beauf) mais c’est pour mieux les faire évoluer et les transfigurer par le désir et le plaisir charnel. Certains passages m’ont plus émue que d’autres, mais voilà un roman très sympathique à lire, et qui change pas mal par rapport à ce dont on à l’habitude.

Après cette lecture, vous ne verrez plus vos voisins du même oeil !

Parties communes (lien affilié)
Anne VASSIVIÈRE
La Musardine, 2017