Un jour, je mourrai de plaisir seule dans mon lit, et tout le monde croira à un banal arrêt cardiaque. A moins qu’on ne me découvre à l’aube, la main figée dans une ultime caresse qui ne laisserait aucun doute sur l’origine de mon dernier soupir… Je me suis plu à imaginer l’émoi du jeune policier de service qui, du haut de ses vingt ans, découvrirait qu’on peu, beaucoup plus tard, donner sa vie pour le plaisir.
Cela faisait une éternité que ce recueil de nouvelles érotiques traînait sans que je le lise. Il a même beaucoup voyagé. C’est à nouveau une découverte de « hasard », dans une boîte à livres, et c’est vraiment le genre de livres dont je serais curieuse de découvrir les précédents lecteurs. Mais enfin, toujours est-il que j’ai mis beaucoup de temps à m’y plonger à mon tour, il se faisait constamment griller la priorité. Par contre, une fois que je l’ai commencé, je ne l’ai pour ainsi dire plus lâché.
Dix-huit nouvelles, plutôt courtes, des instantanés de désir, plus ou moins corsés, constituent ce recueil, et, fait exceptionnel, je les ai absolument toutes aimées : certaines plus que d’autres, notamment « nuit-tendresse » qui porte particulièrement bien son titre et que j’ai adorée, mais aucune ne m’a laissée sur le bord du chemin, tant elle correspondaient parfaitement à mon imaginaire fantasmatique.
Ici, les femmes aiment les hommes (et exclusivement les hommes), assument parfaitement leurs désirs et leur goût pour l’amour et le sexe, et ne s’embarrassent pas de fausse pudeur. Pour autant, rien n’est jamais vulgaire dans ce recueil : les mots sont crus, les situations explicites, tout en restant poétique et subtil : la réflexion que je me suis faite à de nombreuses reprises, c’est que Françoise Simpère, dont je n’avais jamais entendu parler, écrit sublimement bien, et que c’est dommage qu’elle ne soit pas davantage connue. Mais peut-être que c’est simplement moi qui suis passée à côté…
En tout cas, je la relirai, car c’est d’érotisme comme je l’aime : subtils, joyeux et lumineux, parfois même ludiques, originaux et variés, ces textes célèbrent la pulsion de vie et la force du désir qui fait tourner le monde. C’est parfois assez cérébral, au sens ou le désir n’est pas uniquement une question charnelle, mais aussi parce que l’ensemble est ponctué de réflexions très intéressantes et interroge notre propre rapport à la sensualité et à la sexualité : par exemple, un des personnages féminins, qui a une passion pour les films du premier samedi du mois à minuit sur une chaîne cryptée, y voit une manière de savoir ce qui se passe entre deux sexes, et qu’on ne voit pas quand on le fait, tout en étant aussi une pulsion de l’ordre de l’animalité : c’est laid, le cerveau juge, et pourtant, il y a bien quelque chose qui fait réagir le corps.
Un recueil très plaisant donc, qui ne m’a pas seulement émoustillée, mais m’a aussi interrogée et nourrie, et donné des idées pour de futures Escales Amoureuses !
Des Désirs et des hommes (lien affilié)
Françoise SIMPERE
Editions Blanche, 2000 (Pocket, 2003)









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