Dans ma collection de morceaux de désir non advenu, je peux encore me repasser aujourd’hui la nervosité de cette image. Pas si riches ni nombreux, les morceaux ineffaçables de cette collection. Ce souvenir-ci au sommet. La beauté de cette manifestation physique de tous les moments possibles entrevus inscrite dans un seul mouvement infime et dérisoire. Le désir de l’autre. Le désir évident, mais contenu, de l’autre. C’est ça que je préfère chez les garçons, leur désir contenu comme des filles, leur peur, quand ils tremblent au fond autant que nous. Quand ils ne fuient pas leur propre trouble. Quand ils cessent de chasser. (Emmanuelle Richard)
Au commencement était le désir. Cet élan qui nous pousse vers l’autre, et qui est déjà presque jouissance. Pulsion de vie qui naît dans un regard, un geste, un détail, une odeur. Un désir que les femmes ont longtemps dû taire, mais dont elles s’emparent aujourd’hui, qu’elles assument, qu’elles écrivent pour se sentir vivantes et entières. C’est comme cela qu’est né Steamy, une série de fictions audio érotiques écrites à la première personne par des autrices et interprétées par une comédienne, et portée par Louiemedia. Une série devenue un livre.
Dans ce recueil, Désirer, six histoires, six autrices très différentes les unes des autres : Joy Majdalani, Emma Becker, Laurine Thizy, Marina Rollman, Emmanuelle Richard et Wendy Delorme réinventent ici l’écriture du désir.
J’ai plutôt aimé tous les textes et pris plaisir à découvrir ces plumes, mais certaines plus que d’autres. J’ai beaucoup aimé la nouvelle d’Emma Becker, « Paul n’est pas venu », alors même que normalement ce genre d’histoires ne fait pas partie de mon univers fantasmatique ; la nouvelle de Joy Majdalani, « Arthur qui est moche », m’a également beaucoup plu dans sa manière de décrire un désir à l’état pur, mais j’ai des réserves sur le titre ; « Ismaël » de Laurine Thizy est également une très belle histoire. Mais ma préférée, c’est « Ta fenêtre en face » d’Emmanuelle Richard, un petit bijou de sensibilité.
Un recueil réjouissant, que je recommande fortement.
Désirer (lien affilié)
L’Iconoclaste, 2023









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