Aliénor, Le Règne des Lions 1 de Mireille Calmel

Elle n’était pas finie. Loin s’en faut. Chaque jour davantage renaissait la femme derrière la mère. Une femme mature, certes, aux yeux griffés de ridules et aux paupières alourdies, à l’arrondi du visage plus marqué, mais bien moins que d’autres en vérité. La bouche n’avait rien perdu de sa sensualité, les pommettes, hautes, de leur rebond, et si quelques rides les caressaient, c’était pour mieux souligner l’intensité d’un regard plus que jamais empreint de fierté. Comme sur ma propre silhouette, le temps semblait retarder son emprise. Ne lui restait plus qu’à redonner ardeur à ce que son cher époux avait consumé.

Il y a quelques mois, j’avais dévoré les deux tomes du Lit d’Aliénor, trouvés « par hasard » dans une boîte à livres. L’autre jour, en cherchant je ne sais plus quoi d’ailleurs, je suis tombée sur une référence à cette suite, écrite dix ans après, et dont je n’avais pas entendu parler. Et comme je n’avais pas grand chose dans ma bibliothèque qui m’enthousiasmait vraiment, je m’y suis presque immédiatement plongée.

Si les deux premiers tomes étaient consacrés à Aliénor reine de France, Le Règne des Lions dont je vous présente aujourd’hui le premier tome est consacré à Aliénor reine d’Angleterre. Lorsque le roman commence, elle vient d’épouser Henri II Plantagenêt, qui a 15 ans de moins qu’elle et qui, contrairement à son premier mari, Louis le pieux, lui plaît. A ses côtés, fidèle, se tient Loanna de Grimwald, la narratrice, héritière de la magie de Merlin et de Viviane. Mais ce mariage ne va pas s’avérer de tout repos, à l’image de l’époque troublée.

J’ai littéralement dévoré ce roman, dont je me suis dit qu’il ferait (avec les autres tomes) une magnifique série. On ne s’ennuie pas une seconde : il nous plonge dans une époque charnière quoique méconnue, où le catholicisme cherche encore à s’imposer face aux anciennes religions. Amours, complots, trahisons, politique, guerre, tous les ingrédients d’une bonne saga sont là, mêlant histoire et fiction.

Mais ce qui m’a fascinée, c’est évidemment la figure d’Aliénor, femme puissante s’il en est, incarnant tous les archétypes du féminin : la reine et la guerrière, la mère et l’amante, et même, finalement, la magicienne. Femme de tête et de pouvoir, dotée d’une grande intelligence, elle est aussi une grande amoureuse, sensuelle et séduisante, amatrice d’art et de littérature, qui ne s’embarrasse pas trop des tabous de l’époque. On ne s’étonnera donc pas de la légende noire dont l’église l’a entourée. Quant à Loanna de Grimwald, personnage fictif mais ô combien fascinant lui aussi, elle acquiert dans ce tome où lui sont révélés les secrets de son passé une profondeur encore plus grande.

J’ai hâte de me plonger dans la lecture du dernier tome, que je me réserve pour l’été, tant cette histoire me passionne (et pour tout dire, j’ai déjà repéré une autre saga mettant en scène Aliénor : je crois que je viens de me trouver un nouveau sujet de recherches).

Aliénor. Le Règne des Lions 1 (lien affilié)
Mireille CALMEL
XO, 2011 (Pocket)