L’affaire Petit Prince, de Clémentine Beauvais

Tu comprends tout à fait la méthode, mon cher ami. Quand on y réfléchit deux secondes, on s’aperçoit que la littérature, les contes, les mythes et les légendes sont pleins de très curieux et très coupables silences. Et qu’il y a des criminels impunis qui courent dans tous les sens. Alors, on reprend les faits depuis le début. Un bon détextive se pose les bonnes questions, émet des hypothèses, les teste en trouvant des indices dans les textes, en cherchant des suspects, en évitant les pièges et les fausses pistes. On finit toujours par trouver. C’est une méthode d’une simplicité enfantine. Et c’est d’ailleurs ce qui dérangeait mes confrères et consœurs de la Chevalerie. Pour eux, il n’y a pas de place, dans la lecture, pour la simplicité enfantine.

Deux éléments m’ont poussée à lire ce roman, le premier d’une nouvelle série à destination des adolescents : le premier, c’est Le Petit Prince, texte auquel je voue un amour absolu et dont je collectionne les exemplaires. Le deuxième, c’est qu’il met en scène un personnage inspiré de Pierre Bayard, et qui s’appelle d’ailleurs Pierre Bayard, dont j’aime beaucoup les théories peu orthodoxes mais toujours brillamment exposées. J’ai commencé à le lire la veille de mon départ en Croatie, il n’était pas du tout prévu que je l’emmène avec moi et pourtant, je n’ai pas pu le lâcher une fois commencé, et c’est donc à Dubrovnik que je l’ai terminé.

Après de multiples enquêtes, Pierre Bayard, détextive et chevalier de la CLEF, la Chevalerie de la Lecture Experte de France, s’est vu interdire de se mêler de littérature et de résoudre ses mystères. Mais voilà : non seulement il s’ennuie, mais en plus, une enquête lui tombe dessus, qui a un rapport avec Le Petit Prince : quel mystère recèle le récit de Saint-Exupéry ? Aidé de son associée Edith et de deux adolescents, Minuit-Pile et Bas-de-Caisse, et pourchassé par Elise Mieux, son ennemie de toujours qui préside la CLEF, il se lance dans une enquête interdite…

Ce roman m’a procuré un immense plaisir de lecture, grâce à sa drôlerie et son inventivité, et j’ai particulièrement apprécié la manière dont il présente métaphoriquement la lecture comme une enquête à la recherche d’indices.

Mais j’ai tout de même deux réserves. La première concerne l’enquête elle-même, dont le résultat assez terre à terre ne m’a pas convaincue du tout et même déçue. La deuxième concerne le public visé : j’ai pris plaisir à cette lecture, truffée de références et de jeux de mots, notamment sur l’onomastique, mais parce que je connais Pierre Bayard et ses hypothèses originales, et j’ai compris les nombreux clins d’oeil pour tout dire assez subtils, dont je suis plus que certaines que les jeunes adolescents (10-14 ans), aussi curieux soient-ils, passeront à côté, et je me demande donc s’ils seront réellement enchantés par cette lecture, alors même que le roman reprend les codes de la lecture pour adolescents. Leur expérience de lecture est nécessairement moins riche, surtout s’ils n’ont pas lu le Petit Prince (l’avertissement indique ce ce n’est pas du tout indispensable, même s’il est mieux de l’avoir fait).

Bref, une lecture agréable et stimulante dans l’ensemble, j’aime l’idée qu’elle développe, mais qui me fait tiquer sur certains points. Est-ce que je lirai les autres tomes de la série, dont le deuxième tome, sur Peter Pan*, vient de paraître ? On verra.

Pierre Bayard détextive privé. L’Affaire Petit Prince (lien affilié)
Clémentine BEAUVAIS
Sarbacane, 2025

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