J’écris sur l’architecture de la Renaissance, les grandes fêtes païennes de la région, la chasse au sanglier, la véritable recette du pain toscan sans sel, les seigneurs de Ferrare, les vins de Vérone et les carrières d’albâtre de Volterra, bercée par les sifflements du radiateur.
Comme je l’ai dit précédemment, je suis tombée cet été dans un vortex de lecture sur l’Italie, l’obsession pour le beau, la douceur de vivre et la cuisine, d’abord avec Frances Mayes, et notamment Sous le soleil de Toscane, et Marlena de Blasi qui, après avoir passé Mille jours à Venise, s’installe elle aussi en Toscane. Je me suis d’ailleurs demandé, à plusieurs reprise, si ces deux autrices se connaissaient, ou tout du moins s’étaient lues l’une l’autre, tant leurs textes entrent en résonnance. Je n’ai pas trouvé la réponse, mais pour moi elles sont indissociablement liées et seront toujours associées à cet été parfait.
Fernando, le mari de la narratrice, a finalement suivi son cœur, a démissionné de la banque, et le couple a décidé de s’installer en Toscane. Le moment venu de partir, la narratrice n’a pas très envie de quitter la Sérénissime, et de tout recommencer à zéro, consciente qu’un changement de lieu n’est pas toujours un changement de vie, et que ce qu’on pense avoir laissé derrière nous suit. Pourtant, la Toscane l’appelle, et lui réserve d’extraordinaires expériences et rencontres.
Encore une fois, j’ai été totalement conquise et enchantée par ce récit qui est un régal dans tous les sens du terme. Il y est évidemment beaucoup question de cuisine et de nourriture, comme en témoignent les titres des chapitres qui donnent l’eau à la bouche. Le ton est d’ailleurs donné dès les premières pages, avec la description d’un festin improvisé sur la place du village, avec tous les habitants, qui accueillent à bras ouverts et à marmites pleines les nouveaux venus d’une manière qui fait chaud au coeur. Le reste est à l’avenant : le récit suit l’ordre des saisons et des produits locaux, les vendanges, le ramassage des châtaignes et des champignons, la récolte des olives et leur transformation en huile dorée, la quête des truffes… Parce que, la nourriture est essentielle :
Ce qui compte, dans la vie, c’est la table et le lit. Tout ce que nous faisons nous ramène à l’une ou à l’autre.
Une vie idéale, en somme, une vie douce au rythme des saisons, et sans grandes contraintes : Marlena écrit (mais assez peu) un livre sur la région, cuisine, crée avec Fernando des voyages pour les curieux de culture et de gastronomie, qui les amènent à de nombreuses excursions dans la région, et tous deux poursuivent la construction de leur couple. Fernando m’a à nouveau agacée par moment, mais beaucoup moins, il se laisse beaucoup plus guider par la vision du monde de sa femme, qui a toujours dans la voiture un panier de pique-nique rempli de belle vaisselle, idée que j’ai trouvée formidable et inspirante :
Ce sont les sensations plus que les choses qui m’intéressent. Je préfère ressentir ma vie plutôt qu’être assez sotte pour croire que je la maîtrise. La seule façon d’être en sécurité c’est de comprendre que cela n’existe pas.
Encore une fois, une lecture nourrissante (dans tous les sens du terme : j’ai noté quelques recettes), inspirante et enthousiasmante, même si j’aurais aimé que la narratrice parle davantage d’écriture (mais c’est parce que je suis maniaque). Et encore une fois, j’ai eu envie de boucler ma valise et de sauter dans le premier avion en partance pour Florence (un jour j’irai en Toscane, mais pas l’été) !
Mille jours en Toscane (lien affilié)
Marlena de Blasi
Traduit de l’américain par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay
Mercure de France, 2011 (Folio, 2013)
Caroline Doudet 
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