Vais-je commencer cet article de la même manière que les autres années ? Oui.
Contrairement à beaucoup qui mettent leur décoration dès le mois d’août tant elles ont hâte d’être en automne, saison qui est leur préférée, et sont pressées, horresco referens, de remettre des pulls et des vêtements chauds, je n’aime pas l’automne, je n’ai jamais aimé l’automne et il est fort certain que… je n’aimerai jamais l’automne et son cortège de désagréments, la rentrée, les jours qui raccourcissent, la pluie, le froid, toutes ces choses qui me donnent des frissons d’horreur.
Et particulièrement cette année, où j’ai vécu un été magnifique et nourrissant, où je suis beaucoup sortie, j’ai beaucoup de mal à me faire une raison et accepter l’arrivée des saisons intérieures. Je fais des provisions sensorielles, je grapille le moindre rayon de soleil la moindre tomate et la moindre occasion d’être en robe d’été. D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes, il fait un temps épouvantable et je suis en robe d’été, certes à manche longue, mais en robe d’été, même si j’ai un peu froid aux pieds.
Finalement, je suis en plein ce que les Japonais appellent nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter, de ses cadeaux, de ses saveurs, et que je ne ressens que pour l’été.
Pourtant, je sens aussi parfois poindre en moi le besoin de ralentir, de rester chez moi, d’écrire, et de me mettre à mes activités d’intérieur : fabriquer mes lampes avec mes bouteilles en grès, réparer ma cave à liqueur, faire de l’aquarelle et mon terrarium, et quelques projets en pâte autodurcissante.
Je suis dans un entre-deux, et la décoration d’automne est une des activités qui m’aident à faire mon deuil, parce qu’elle met du beau, et me permet de refaire de chez moi un cocon cosy.
Alors, la semaine dernière, alors que je n’avais prévu de faire ma décoration que le jour même de l’équinoxe et de Mabon, ou du moins deux jours avant puisque cette année c’est un lundi, aujourd’hui donc, mais qu’il pleuvait à verse, je me suis résignée à ne pas aller me promener et j’ai ressorti le bac où sont rangées toutes mes décorations des années antérieures, auxquelles sont venues s’ajouter celles que j’ai achetées cette année, j’ai pris le pot dans lequel j’avais placé les marrons, glands, pommes de pin et autres glanées lors de mes promenades, et j’ai acheté de nouvelles bougies.
J’ai installé l’arbre d’automne, avec ses branches mortes, son feuillage mordoré et ses guirlandes lumineuses.
Les citrouilles en céramique ou naturelles.
La guirlande de branchages.
Les paniers tressés remplis de jolies choses.
Les petits éléments lumineux parsemés dans la bibliothèque.
Les plaids et les coussins sur le canapé.
La couronne sur la porte d’entrée.
J’ai allumé les bougies.
Je me suis fait un chocolat chaud, le premier de la saison. Je l’ai bu lentement en contemplant mon œuvre.
Et je me suis sentie prête non pas à accueillir l’automne, mais à l’accepter. Accepter de ralentir, de sentir le fraîcheur de l’air qui obligera bientôt à mettre un pantalon, des manches longues et des chaussettes, de voir la nuit arriver de plus en plus tôt et de ne plus dormir la fenêtre ouverte. Rentrer en moi, chez moi, me poser plus souvent. Et profiter des cadeaux de l’automne : la nature qui se pare de ma palette de couleurs chaudes, les journées à lire près du poêle qui crépite, le chocolat chaud du goûter et les plats à base de courges et de fromage fondu…
Parce que c’est ainsi que va la vie, faite de cycles : parfois on est dans l’action et dans l’expansion, et parfois dans le repli et l’intériorité…























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