Mon désir initial de vivre en Italie est né entre autres de l’idée que je n’épuiserais jamais les ressources de cette terre sans fin – ses arts, ses paysages, sa langue, sa gastronomie, son histoire. Changer le cours de sa vie en achetant et restaurant cette maison abandonnée, consacrer une partie de chaque année à un autre pays, voilà qui sembla un risque inconsidéré, sinon un acte de folie. Je voulais à cette époque accomplir une chose dont j’ignorais tout. Je pensais – maintenant je le sais – que les Italiens prennent plus de temps pour vivre. Après de longues années de mariage et un divorce pénible, je pensais que l’Italie remplacerait plus qu’avantageusement la perte de ce seul homme. Je voulais un vrai changement.
C’est vendredi, on part en Italie, avec un nouveau récit de Frances Mayes, Bella Italia, une sorte de suite à Sous le Soleil de Toscane et qui, dans l’ordre d’écriture, précède Saveurs Vagabondes. C’est le dernier que j’ai lu pour le moment, je croyais qu’il n’y en avait pas d’autres et j’en étais fort marrie (même si je lis la newsletter), mais si, c’est juste qu’ils n’ont pas été traduits, et nous pourrons donc reparler de Frances Mayes. Mais pour l’heure, revenons à Bella Italia.
Dans ce tome, Frances et Ed prennent un semestre sabbatique, ce qui leur permet de passer six mois en Italie, de la découvrir à d’autres saisons, de profiter pleinement de leur jardin, d’expérimenter la douceur de vivre légendaire et les nourritures terrestres qui ne sont pas les mêmes que l’été, et de faire du tourisme, que ce soit dans la région pour acheter du vin, en Sicile sur un coup de tête, ou à Venise…
Frances Mayes écrit qu’elle veut mener « une vie sensible et poétique » et c’est bien ce dont il est question ici : la douceur de vivre, le bonheur sans réserves qu’offrent l’Italie et le fait d’être libéré de ses obligations professionnelles. Tout prend de l’expansion, que ce soit le rester chez soi et découvrir sa maison telle qu’on ne la connaissait pas, au printemps, ou voyager. Frances Mayes n’a aucune honte à être une touriste, au contraire, elle en tire une joie folle, notamment lorsqu’avec Ed ils cèdent à la pulsion de l’improvisation, du départ sur un coup de tête en suivant ses envies. « Tiens, si demain on partait pour Venise ? » : mon rêve.
C’est toute une réflexion sur le voyage et sa tension avec le « chez soi » qui se déploie ici : la quête de liberté, l’âme voyageuse qui a besoin de se nourrir sans cesse de nouvelles choses, qu’il s’agisse de nourritures terrestres ou de nourritures spirituelles, la recherche constante de la beauté qui est en Italie une véritable religion et qui se traduit par un amour immodéré pour les jardins, la passion pour les collections qui fertilisent l’imagination, tout comme les images qu’elle conserve dans un album rempli de cartes postales de musées, de peintures, de photographies, ce qui frappe et que l’on peut transformer avec ses mots.
Comme je l’ai dit précédemment, Frances Mayes voyage en écrivain, ce qui lui permet de le faire en conscience. Elle voyage, mais elle sait pourquoi. Elle sait que le voyage – tout comme l’instinct de changer de domicile est la conscience d’un changement plus vaste à venir et nous rend disponible pour la nouveauté – est une quête de transformation. On ne revient pas le même.
Une nouvelle fois, cette lecture m’a enchantée et profondément nourrie. Et bien évidemment donné envie de sauter dans le prochain avion pour l’Italie !
Bella Italia. La douceur de vivre en Italie (lien affilié)
Frances MAYES
Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre
Quai Voltaire, 1999 (Folio, 2019)









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