Assis à la terrasse, avec pain, fromage et vin, nous établissons la liste de ce que nous devons faire, de ce que nous avons envie de faire. Nous nous décidons pour tout un mois de délicieuse indolence. Je n’ouvrirai pas mon ordinateur avant le mois d’août, quand je dois recevoir le manuscrit mis au point par mon éditeur. Nous attendons notre prochain groupe de touristes seulement en septembre, au moment des vendanges à Montalcino. Toutes ces dates ont été fixées. Nous consacrerons donc nos journées à mieux connaître Orvieto, à aller voir les ouvriers au travail au Palazzo Ubaldini, à visiter les marchés le jeudi et le samedi et à découvrir les villages des environs. Nous tracerons notre carte sentimentale de la ville, avec nos itinéraires à nous, pour nous y sentir chez nous.
Le vendredi, c’est Italie. Mais malheureusement, pour le moment en tout cas, c’est la dernière fois, puisqu’avec ce Palais à Orvieto j’achève mon cycle estival d’aventures italiennes, à mon grand déplaisir, mais je ne peux pas lire des livres qui n’ont pas été écrits (techniquement, il me reste deux Frances Mayes et un Marlena de Blasi à lire, mais ils n’ont pas été traduits, sont épuisés et se vendent d’occasion à des prix… curieux, on va dire, mais je ne désespère pas). Pour l’heure, nous partons à Orvieto.
Marlena et Fernando sont poussés par le Duc à quitter San Casciano, et se mettent en quête de « la maison d’après », ce qui a tout d’une quête du Graal mâtinée d’Odyssée : ce n’est pas simple. Après bien des péripéties, ils choisissent un palais à rénover à Orvieto, mais là encore ce n’est pas simple. Les choses ne semblent jamais l’être, en Italie, surtout lorsqu’il est question de maisons : le contrat est bizarre, on ne sait trop si c’est un achat ou une location, on leur promet qu’ils pourront faire des choix mais ils ne peuvent pas, et les rénovations prennent une éternité. Mais ils s’en accommodent, logent ailleurs en attendant, découvrent la région, et se font des amis.
Je ne sais pas à quel point Marlena de Blasi a modifié les événements pour en faire un livre, mais le fait est que sa vie n’a rien à envier à un roman : on va de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, et honnêtement, je pense que je serais beaucoup moins patiente qu’elle, qui a un don pour s’adapter, et toujours voir les choses du bon côté, ce qui d’une certaine manière fait bouger les choses, quand Fernando reste soumis aux codes de ce qui se fait et ne se fait pas. Encore une fois, j’ai aimé l’exubérance de Marlena, qui lui permet de mettre un peu de magie partout où elle passe.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce tome, ce sont plus ou moins les mêmes ingrédients que les précédents : la douceur de vivre, le passage des saisons, le sens de l’accueil des Italiens, la manière dont ils découvrent la région par la cuisine et les marchés. A cet égard, le dîner de clôture dans la salle de bal du palais (parce qu’ils finissent tout de même par y habiter) est exceptionnelle.
Un palais à Orvieto (lien affilié)
Marlena de Blasi
Traduit de l’américain par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay
Mercure de France, 2007 (Folio, 2014)









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