Balenciaga, l’oeuvre au noir au musée Bourdelle

Pour la deuxième fois, le palais Galliera organise une exposition « hors les murs » au musée Bourdelle. La première, il y a six ans, avait été consacrée à Madame Grès. Aujourd’hui, c’est Balenciaga qui a les honneurs.

Balenciaga. Un des couturiers sur lesquels j’avais pensé travailler pour mon mémoire de maîtrise, et dont Cecil Beaton parle superbement dans son recueil de chroniques.

Autant dire que cette exposition était en haut de ma liste.

Tout de suite, le titre de l’exposition, L’œuvre au noir, fait penser à Marguerite Yourcenar, à l’alchimie, à la magie, et de vrai, il y a de ça dans l’œuvre de Balenciaga. Immédiatement, on est happé par la pureté des lignes, et la manière dont le noir ici n’est pas absence de couleur, mais se pare de mille et une nuances. Le noir comme essence, profond, lumineux.

La scénographie, toute en jeux d’ombres et de lumières, fait dialoguer les robes, bijoux, chapeaux, croquis et toiles de Balenciaga et les sculptures de Bourdelle. Et c’est ce qui crée la magie de cette exposition, qui n’aurait pas eu le même rendu au palais Galliera, trop exigu pour que les œuvres puissent, de la même manière, y prendre vie et s’animer.

C’est tout simplement magnifique !

Balenciaga, l’œuvre au noir
Musée Bourdelle
Jusqu’au 16 juillet

Livre Paris 2017 : en mots et en images

Cette année, je ne boudais pas, donc j’ai pu me rendre à Livre Paris. J’ai même pu en profiter mieux que d’habitude, puisque j’y ai passé toute la journée du vendredi (d’habitude je suis obligée de m’éclipser vers 16h30) ainsi que le dimanche après-midi. J’en ai mieux profité que d’habitude aussi, puisqu’au lieu de tournicoter dans le hall des expositions, je me suis vraiment posée pour discuter, et faire de jolies rencontres

Livre Paris 2017, c’était donc…

Beaucoup d’effervescence :

De fait, les organisateurs et les éditeurs sont plutôt contents, puisque le public est venu nombreux, surtout le samedi, mais comme je n’étais pas là, je répète ce qu’on m’a dit !

Des livres (ah ! ah ! Que je suis drôle)

Des stars

(La photo de Mélenchon m’ayant coûté 3 orteils et une partie de ma dignité, j’espère que vous l’appréciez !)

De belles idées

Comme d’habitude, beaucoup de stands très originaux. Mon coup de cœur va bien évidemment à celui de France Télévision, qui proposait un mini-plateau de la Grande Librairie : l’idée de base était de s’asseoir dans le fauteuil et de poser une question à François, mais comme je suis une rebelle, je n’ai pas fait ça, et j’ai juste pris des photos en jouant à être François (François, tu n’aurais pas un boulot pour moi ?) (j’ai essayé de négocier le décor pour mon nouvel appart mais ça n’a pas fonctionné).

Mention spéciale également au très réussi stand du Maroc, qui proposait des panneaux avec des feuilles détachables pour faire son propre livre souvenir. Deux expositions enfin ont attiré mon attention : celle pour les 100 ans du Canard Enchaîné, et celle consacré à Taniguchi.

Des cocktails et des relations publiques

Je n’ai pas pu assister à l’inauguration, mais honnêtement ce n’est pas ce qui m’a empêchée de socialiser et de boire du champagne. Evidemment, j’ai passé le week-end à discuter, blablater même, avec beaucoup de gens que je croise régulièrement (je ne citerai personne sinon je vais en oublier). J’ai aussi fait plein de belles rencontres, et ça, ça n’a pas de prix !

Un off et des soirées

Comme tout événement de grande ampleur qui se respecte (genre le festival de Cannes ou celui d’Avignon), Livre Paris c’est aussi un off et des soirées plus ou moins privées. Nous avons déjà parlé du Mazarine Book Day. Côté événements off/privés, je me suis également incrustée à la soirée Charleston, et j’ai assisté à une présentation des futures sorties des éditions Stock, en présence de Manuel Carcassonne et de Nathalie Rykiel. Et côté très très privé : un burger dans un chouette restau, Lili et Riton, avec ma Stephie, et Paris by Night se terminant au Flore avec Séverine !

Bref, un chouette week-end, riche intense et plein de rencontres ! Vivement l’an prochain !

Le deuxième Mazarine Book Day en mots et en images

Samedi dernier, The Place to be, c’était à nouveau l’Alcazar, où avait lieu le deuxième Mazarine Book Day. Le principe ? Un jury d’éditeurs, un jury de blogueuses, et face à eux des auteurs venus présenter leur manuscrit (terminé ou pas tout à fait) : leur but ? Susciter le coup de cœur, en 10 min chrono.

L’an dernier, la première édition avait déjà été un gros succès, et au final 2 romans seront bientôt publiés, celui d’Eva Martin et celui d’Andrea Badea, qui était passée devant moi et pour laquelle j’avais eu un coup de cœur (enfin, pour son texte). Autant dire que j’étais plus que motivée à l’idée de découvrir une nouvelle pépite cette année…

Alors, ce deuxième Mazarine Book Day, c’était…

Un lieu d’exception…

L’Alcazar, dans la fort opportunément dénommée rue Mazarine. Il est partout dans les magazines depuis l’an dernier, et quand on entre, on comprend pourquoi : c’est juste absolument magnifique, la décoration est d’un goût exquis !

Un jury de choc

Le jury était un peu renouvelé par rapport à l’an dernier : plus d’éditeurs, plus de blogueuses ; en fait, nous formions deux groupes : en première partie d’après-midi, outre moi-même, le jury était constitué de mes chères Séverine et Antigone, et de Mélusine que j’ai découverte pour l’occasion ! Ensuite, quatre booktubeuses ont pris le relais, afin que nous puissions profiter un peu de l’événement !

Des auteurs porteurs de beaux projets

Encore une fois, j’ai adoré écouter les auteurs me parler de leurs livres, de leurs personnages, de leurs parcours ! J’ai repéré des choses très très intéressantes qui je l’espère aboutiront à une publication !

Des animations

Beaucoup d’auteurs Mazarine étaient présents pour soutenir les candidats : Baptiste Beaulieu, Stéphanie Pélerin, Julie de Lestrange, Marie Vareille, Aurélie Valognes… Il y avait aussi des petits fours, des Smarties et un photographe, Sacha Lenormand, et ainsi chacun a pu repartir avec une (ou plusieurs) jolie photo souvenir de la journée.

Une belle soirée

Une fois la journée terminée et la foule repartie, nous nous sommes réunis autour d’un verre (hum. Plusieurs). L’occasion de discuter, de revenir sur l’expérience et de tisser des liens. Vous savez combien c’est important pour moi…

Bref, une journée riche, passionnante, intense, joyeuse, comme je les aime ! A l’année prochaine ?

Le musée du parfum Fragonard

Lorsque je suis allée à Paris l’autre jour, c’était un lundi, et donc tout ou presque était fermé, en tout cas les musées proposant les expositions que je voulais voir.

J’en ai donc profité pour visiter des lieux ouverts et que je remets toujours à plus tard : revenir au musée Gustave Moreau, et voir enfin ce petit musée du parfum Fragonard, avant d’aller voir le nouveau grand musée du parfum de Paris. En tant que collectionneuse d’objets de parfum (flacons, miniatures, cartes, un peu tout) (même si pour des raisons de place j’ai largement ralenti), c’était bien sûr un impératif, d’autant que le parfum, son histoire, sa symbolique a longtemps fait partie de mes sujets de recherche.

Entrons dans l’écrin parfumé de Fragonard, décoré avec goût. La visite est guidée, et gratuite, et vous apprendra tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur cet élément dont l’origine étymologique per-fumum signifie « à travers la fumée » et qui était dans l’ancienne Egypte destiné aux dieux, avant de devenir composante essentielle de ce Mundus Muliebris qui fascinait tant Baudelaire.

Le parcours est clair et pédagogique, les explications simples mais riches : les matières premières (aujourd’hui synthétiques pour ce qui concerne celles d’origine animale), les modes d’extraction, la fabrication, l’orgue du parfumeur, l’histoire des parfums de l’antiquité à nos jours, les objets publicitaires.

La visite se termine sur un petit atelier pour sentir quelques parfums de la marque et apprendre à repérer les différents types de senteurs et les différentes notes — l’objectif étant que vous ayez un coup de foudre et vous offriez un flacon, mais ils ne poussent pas vraiment à la consommation.

Même si je connaissais déjà à peu près tout sur le sujet, j’ai beaucoup apprécié cette visite (je l’aurais davantage appréciée sans le groupe d’étudiants en je-ne-sais-pas-quoi qui tenait un peu toute la place, mais bon) qui constitue un excellent complément à celle du musée-usine de Grasse que j’avais effectuée il y a quelques années et qui était plus axée sur l’extraction des senteurs (la visite avait intéressé mon papa qui n’est pourtant pas très adepte de ces choses là).

Musée du parfum – Fragonard
9 rue Scribe
75009 PARIS

 

Le musée Gustave Moreau

Gustave Moreau est un peintre pour qui j’éprouve une fascination absolue. Je possède nombre de monographies sur ses tableaux, j’ai moi-même beaucoup travaillé sur sa peinture au cours de mes recherches universitaires (et notamment bien sûr sur ses diverses Salomé), et le musée qui lui est consacré a constitué ma première visite la première fois que je me suis rendue seule à Paris.

C’était il y a fort, fort longtemps, et je n’y étais jamais revenue depuis — il faut dire que mes tableaux préférés n’y sont pas, et que je n’avais de toute façon guère le temps.

Mais là, j’avais besoin d’inspiration, de fascination, d’onirisme et de décadence, et puis pour de sombres raisons d’organisation je suis allée à Paris un lundi, et beaucoup de lieux sont fermés. Un signe ? N’allons pas si loin. Mais tout de même.

Le musée est situé dans l’ancienne maison et atelier du peintre, qu’il a décidé en 1897 de léguer, avec tout ce qu’il contient, et notamment les tableaux et dessins, à condition « de garder toujours […] ou au moins aussi longtemps que possible, cette collection, en lui conservant ce caractère d’ensemble qui permette toujours de constater la somme de travail et d’efforts de l’artiste pendant sa vie ».

Trois étages constituent l’ensemble : au rez-de-chaussée, de petites salles où sont accrochés une foule de tableaux donnant une idée de la variété du travail de Moreau. Le premier étage était consacré aux pièces d’habitation : le salon de réception, la chambre, un boudoir… Mais le plus fascinant est bien sûr l’atelier, qui occupe en duplex toute la surface des deux étages supérieurs, et où sont visibles ses œuvres les plus monumentales.

Evidemment, lorsque comme moi on voue un culte sans bornes à ce peintre et que l’on connaît plutôt bien son œuvre, on est au Paradis (surtout dans l’atelier).

Ce que j’aime chez lui, c’est le syncrétisme des inspirations, le mélange des influences* : Inde, Moyen-Orient, Japon… les lieux ne sont pas réels ni réalistes, mais fantasmés, et chez lui même les peintures bibliques ont quelque chose de païen : il n’y a qu’à voir le palais d’Hérode où danse Salomé, et qui a plus des allures de temple où se joue une cérémonie initiatique qu’à une salle de banquet.

Ce qui est intéressant dans ce musée, outre que les œuvres ne sont pas saupoudrées comme à Orsay et que cela permet pleinement de prendre conscience de la fascination de Moreau pour l’Eternel Féminin et la femme fatale (Moreau avait un rapport très complexe aux femmes), c’est en tant que maison d’artiste il permet aussi de voir comment vivait le peintre : les pièces à vivre sont minuscules, alors que l’atelier est immense et lumineux. On voit où étaient ses priorités.

Seule chose que je trouve dommage : dans les pièces du bas, les oeuvres sont très mal mises en valeur et on ne peut pas bien en profiter !

Musée national Gustave Moreau
14 rue de La Rochefoucauld
75009 Paris

* Si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie à mon article « Orient chez Gustave Moreau » dans le Dictionnaire des lieux et pays mythiques (Robert Laffont, Bouquins, 2011)

Fantin-Latour à fleur de peau, au musée du Luxembourg

Le travail artistique, c’est tout, je veux faire des chefs-d’œuvre, il n’y a rien d’autre.

J’aime énormément le musée du Luxembourg. Pas seulement parce qu’il est situé dans un quartier que j’aime et que s’y rendre est toujours l’occasion de faire une jolie promenade (et d’avoir la chance de croiser peut-être Patrick Modiano sur le chemin), mais aussi parce qu’il propose souvent de très belles expositions, claires et aérées, que l’on visite sans être pressé par la foule. L’entrée est un peu chère, mais on peut prendre des photos.

Fantin-Latour (1836-1904) est resté célèbre pour ses natures mortes et ses portraits. Entièrement dévoué à son art, il cherche avant tout à restituer fidèlement le réel, même si on note aussi des « œuvres d’imagination ».

Disons le franchement : je n’ai globalement pas été séduite par cette exposition. Ou plutôt, je n’ai pas été séduite par la peinture de Fantin-Latour, artiste auquel je ne m’étais jamais trop intéressée jusque-là, et j’ai compris pourquoi.

De manière générale, je n’aime pas les natures mortes et les siennes ne m’ont pas plus touchée que d’autres malgré leurs grandes qualités d’exécution ; quant aux portraits et autoportraits, ils sont saisissants par la tristesse et l’austérité qui s’en dégagent, l’absence de couleurs et de sensualité : même lorsqu’il peint sa femme, il la peint comme il peindrait sa mère. On notera néanmoins le motif de la femme avec un livre, assez intéressant !

 

J’en étais là de mes réflexions (« bof ») lorsque je suis parvenue aux dernières sections de l’exposition, consacrées à un Fantin-Latour moins austère et convenu : un fond de photographies de nu, qu’il transpose en études, et des œuvres d’imagination absolument magnifiques, inspirées de Wagner ou de la mythologie. Et là, oui, j’ai été touchée et séduite !

Une exposition que je ne déconseille pas même si seule la dernière partie m’a plu, parce qu’après tout il y a des gens qui aiment les natures mortes et les portraits austères. Pour ma part, je suis ressortie un peu frustrée, malgré la grande qualité et la grande richesse des œuvres exposées !

Fantin-Latour à fleur de peau
Musée du Luxembourg
Jusqu’au 12 février 2017

Spectaculaire Second Empire, au musée d’Orsay

Le Second Empire, dans l’imaginaire collectif français, est souvent perçu négativement, associé à une certaine forme de décadence : les fastes et le luxe de la « fête impériale », la défaite de 1870, les textes virulents de notre Totor national et son exil.

Pourtant, le régime, qui dure près de 20 ans, a aussi permis de nombreux progrès et a posé les bases de certains aspects de la société actuelle. L’exposition que propose le musée d’Orsay pour ses 30 ans vise donc à renouveler l’approche de cette période et en donner une idée plus nuancée.

On circule alors, de salle en salle et de merveilles en merveilles : des portraits de Winterhalter, Ingres, Gérôme ou encore Carpeaux. Des photographies. Les bijoux de l’impératrice et le somptueux berceau du petit Prince… autant d’éléments qui participent d’un dispositif symbolique visant à affirmer la grandeur du régime.

Avec l’Empire, Paris devient la capitale de la fête, du divertissement et du luxe. Les intérieurs sont fastueux (sont exposés de nombreux meubles et des trésors des arts décoratifs : porcelaine de Sèvres, cristal de Baccarat…), le goût pour le théâtre et le spectacle explose (l’opéra Garnier, le Bataclan, les pièces d’Offenbach, Dumas fils, Sardou ou encore Labiche), c’est aussi l’époque du Salon pour les peintres et de l’Exposition Universelle.

Émerge également  la société du loisir : les jardins, ou les bains de mer à Biarritz ou Arcachon.

Comment la décadente que je suis aurait pu ne pas être séduite par ce luxe, ce faste, ce goût de l’ornement et de la beauté ? On se promène parmi les portraits les plus grandioses, les objets les plus riches, avec d’autant plus de plaisir que l’exposition, d’une grande richesse et d’une grande diversité, est claire et aérée.

Seuls regrets ? Encore une fois qu’on ne puisse pas prendre de photos, et puis j’aurais aimé une salle spécifiquement consacrée aux transformations de Paris : si le Second Empire a marqué de son empreinte notre manière de vivre en faisant émerger la société de consommation et du spectacle (certes réservée à une élite), c’est en se promenant à Paris que les traces sont encore les plus évidentes.

Si vous avez envie de dépoussiérer un peu l’image que vous avez de cette période de notre histoire, pas si négative n’en déplaise à Totor, il vous reste encore quelques jours pour filer à Orsay !

Spectaculaire Second Empire (1852 – 1870)
Musée d’Orsay
Jusqu’au 16 janvier