O phare de l’Amour ! qui dans la nuit profonde Nous guides à travers les écueils d’ici-bas

Travailler sur mon oracle m’a permis de faire de très très belles découvertes poétiques, et notamment la poétesse Louise Ackermann, dont j’avais entendu le nom sans jamais me pencher plus avant sur ses écrits. Et je suis tombée amoureuse de ses poèmes, notamment celui-ci, « la lampe d’Hero », qui reprend l’histoire tragique de Héro et Léandre. J’ai choisi la dernière strophe pour la carte « Espoir », que j’ai tirée ce matin. Et j’ai donc eu envie de partager le poème avec vous, d’autant que ça faisait longtemps que je n’avais pas fait d’instant poétique !

La lampe d’Héro

De son bonheur furtif lorsque malgré l’orage
L’amant d’Héro courait s’enivrer loin du jour,
Et dans la nuit tentait de gagner à la nage
Le bord où l’attendait l’Amour,

Une lampe envoyait, vigilante et fidèle ,
En ce péril vers lui son rayon vacillant;
On eût dit dans les deux quelque étoile immortelle
Qui dévoilait son front tremblant.

La mer a beau mugir et heurter ses rivages.
Les vents au sein des airs déchaîner leur effort,
Lés oiseaux effrayés pousser des cris sauvages .
En voyant approcher la Mort ,

Tant que du haut sommet de la tour solitaire
Brille le signe aimé sur l’abîme en fureur,
Il ne sentira point, le nageur téméraire,
Défaillir son bras ni son cœur.

Comme à l’heure sinistre où la mer en sa rage
Menaçait d’engloutir cet enfant d’Abydos,
Autour de nous dans l’ombre un éternel orage
Fait gronder et bondir les flots.

Remplissant l’air au loin de ses clameurs funèbres,
Chaque vague en passant nous entr’ouvre un tombeau ;
Dans les mêmes dangers et les mêmes ténèbres
Nous avons le même flambeau.

Le pâle et doux rayon tremble encor dans la brume.
Le vent l’assaille en vain, vainement les flots sourds
La dérobent parfois sous un voile d’écume,
La clarté reparaît toujours.

Et nous, les yeux levés vers la lueur lointaine.
Nous fendons pleins d’espoir les vagues en courroux ;
Au bord du gouffre ouvert la lumière incertaine
Semble d’en haut veiller sur nous.

O phare de l’Amour ! qui dans la nuit profonde
Nous guides à travers les écueils d’ici-bas,

Toi que nous voyons luire entre le ciel et l’onde.
Lampe d’Héro, ne t’éteins pas !

Louise Ackermann, Premières Poésies, 1871

Roméo et Juliette, de Franco Zeffirelli

There was never such a woeful story than Juliet’s and her Romeo.

Cela faisait évidemment bien longtemps que j’avais envie de voir ce film, adaptation filmique de l’une de mes pièces préférées de Shakespeare, comme de beaucoup de monde d’ailleurs.

A Vérone, Roméo et Juliette, blablabla, tout le monde connaît l’histoire.

J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce film qui est une petite pépite : très fidèle dans l’ensemble à la pièce, le réalisateur a pris le parti de faire tourner des comédiens qui ont à peu près l’âge des personnages, ce qui donne une véritable fraîcheur au film.

La jeune comédienne est sublime, lumineuse, et il y a une grande vivacité et gaieté dans la majeure partie de l’histoire, où on n’a pas le sentiment que le destin tragique pèse sur les personnages ; seul le spectateur, lui, voit la machine infernale de la fatalité se mettre en place, ce qui rend d’ailleurs le film d’autant plus tragique : cette innocence sacrifié, c’est terrible.

En outre les costumes féminins sont fabuleux, de même que les décors. Ce film est donc un véritable régal pour l’oeil et pour… les émotions.

Après, j’ai tout de même trouvé la fin un peu grandiloquente,  mais dans l’esprit shakespearien.

Romeo and Juliet
Franco ZEFIRELLI
1968