Bram Stoker’s Dracula, de Francis Ford Coppola

Do you believe in destiny? That even the powers of time can be altered for a single purpose? That the luckiest man who walks on this earth is the one who finds… true love?

Je ne sais pas pourquoi vendredi soir j’ai eu subitement envie de revoir ce film, qui au fil du temps est devenu culte.

En 1492, lorsque le prince Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa bien-aimée Elisabeta morte et damnée pour s’être suicidée, il devient fou de douleur et se révolte contre Dieu. Il se transforme alors en vampire et prend le nom de Comte Dracula.

Quatre cents ans plus tard, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire, dont le prédécesseur, Renfield, est désormais interné dans un asile psychiatrique suite à sa rencontre avec le Comte. Dracula souhaite en effet s’installer en Angleterre. Et il ne tarde pas à se rendre compte, grâce à un portrait, que Mina, la fiancée de Jonathan, ressemble trait pour trait à Elisabeta…

Evidemment, si ce film est culte, c’est qu’il est d’abord magnifiquement filmé ; chaque plan, chaque scène est un petit bijou que l’on pourrait analyser pendant des heures. Les décors, les costumes sont somptueux.

L’ensemble, cruel, violent, sensuel, n’est pas un simple film de vampires, si à la mode : fable métaphysique, il pose avec brio la question du Bien et du Mal, sans verser dans un manichéisme simpliste. Si Dracula est le Mal, il est surtout un héros de la révolte contre Dieu qui l’a trahi et contre la morale mortifère ; il représente bien les pulsions sexuelles, l’érotisme, la luxure, tout ce que rejette l’Eglise, et s’il devient le Mal, c’est uniquement parce qu‘il perd l’Amour, et donc la foi en la vie.

Eros, thanatos sont ici, une fois encore, étroitement liés, et l’Amour, celui qui ne meurt jamais, qui transcende l’espace et le temps, est rédempteur. La seule chance d’être sauvé.

Keanu Reeves et son personnage lisse et propret ne fait certainement pas le poids face à un Gary Oldman sombre et envoûtant, un vrai vampire, pas un machin aseptisé à la Edward Cullen, ni face à un Anthony Hopkins incarnant un Van Helsing défendant la morale puritaine mais plus trouble qu’il n’y paraît.

Bref, un chef d’œuvre évidemment, un retour au mythe originel, à voir et à revoir !

Bram Stoker’s Dracula
Francis Ford COPPOLA
1992

New-York stories, de Martin Scorsese, Francis Ford Coppola et Woody Allen

Trois réalisateurs mythiques réunis pour un même film, triple plaisir, me suis-je dit en m’installant devant ce film au principe simple : une ville, New-York, trois histoires, proposées chacune par un des trois plus grands génies du cinéma américain.

Dans Life lessons de Martin Scorsese, nous découvrons un peintre génial mais totalement inapte aux relations humaines. Un film sur le désir, la pulsion de vie, d’une beauté à couper le souffle et d’une sensualité débordante — les corps et les mouvements de la peinture, les couleurs et textures des tableaux, la musique et notamment A whiter shade of pale… sublime.

Life without Zoe de Francis Ford Coppola (écrit avec Sofia) est d’un tout autre genre : c’est une sorte de conte des mille et une nuits dans lequel Zoe, une petite fille de douze ans qui vit seule dans un palace pendant que ses parents sont en voyage, sauve son père, un illustre flûtiste, d’un mauvais pas. C’est gai et mignon, le thème évident est le pouvoir de la musique, mais ce n’est pas le chef-d’œuvre du siècle…

Enfin dans Oedipus’ wrecks, Woody Allen incarne un avocat de 50 ans qui n’a toujours pas résolu son complexe d’Œdipe et dont la mère très envahissante lui gâche la vie. Un petit bijou de drôlerie et d’inventivité, très cérébral, dans lequel on reconnaît certains films à venir et qui exploite les thèmes alleniens par excellence : la judéité, la psychanalyse, le complexe d’Œdipe, le couple. Le seul défaut de ce film est d’appartenir à la période « Mia Farrow » que je ne supporte décidément pas…

Un pur bonheur donc, même si Coppola est nettement en dessous des deux autres — et à vrai dire de lui-même, et même si à part dans le film de Allen on voit très peu New-York !

New-York Stories
Life Lessons
, de Martin SCORSESE
Life without Zoe, de Francis Ford COPPOLA
Oedipus’ Wrecks, de Woody ALLEN
1989