Celebrity, de Woody Allen

One minute you’re in the lunchroom at Glenwood High and you f***ing blink and you’re 40, you blink again and you can see movies at half price on a senior citizen’s pass. Ask not for whom the bell tolls, or to put it more accurately, ask not for whom the toilet flushes.

La liste des films que je veux voir est d’une longueur affolante. Malheureusement, soit ils ne sont pas du tout disponibles en VOD et on peut désespérer qu’ils le soient un jour, soit ils sont trop récents. Du coup, en manque d’inspiration, j’ai décidé de poursuivre mon challenge personnel « Woody Allen » avec ce film de 1998, choisi à cause de la présence de Kenneth Branagh.

Dans ce film, Woody Allen interroge la célébrité sous toutes ses formes, à travers l’histoire d’une dizaine de personnages.

Un petit Woody Allen, sans grand intérêt et qui m’a pas mal ennuyée. Evidemment, cela reste du haut niveau par rapport à beaucoup de films : c’est impeccablement filmé, en noir et blanc, le casting est étourdissant, les répliques font mouches et certaines scènes sont d’anthologie (la scène de la banane !). Il n’empêche : on sent le manque d’inspiration, et quand on est inconditionnel du réalisateur, il manque vraiment quelque chose à ce film.

Dommage.

Celebrity
Woody ALLEN
1998

Mighty Aphrodite (Maudite Aphrodite) de Woody Allen

Of all human weaknesses, obsession is the most dangerous, and the silliest!

Même si j’ai un peu ralenti ces derniers temps, je poursuis mon projet de voir/revoir toute la filmographie de Woody Allen.

Lenny, un rédacteur sportif qui ne voulait absolument pas d’enfant, est fou de son fils adoptif Max. Et convaincu qu’il est un génie. Aussi se met-il en quête de sa mère biologique… et découvre qu’il s’agit d’une prostituée qui n’a pas inventé l’eau tiède. Mais il se prend d’amitié pour elle, et décide de l’aider à changer de vie.

Un excellent Woody Allen, drôle et jubilatoire, dont l’originalité tient à la narration faite par un chœur antique mené de main de maître par le choryphée, qui tient son rôle originel dans la tragédie. Il met en évidence fatalité, hybris, ironie tragique ou deus ex machina, mais apparaît ici de plus en plus déjanté, l’ensemble se terminant en comédie musicale de Broadway (avec un petit côté Monty Python) et non dans le sang, malgré la présence d’Œdipe, histoire de pointer du doigt encore une fois les névroses et obsessions alleniennes et notamment la psychanalyse.

Mais beaucoup moins que d’habitude, finalement et si le questionnement tourne bien autour de l’amour et de ses complications, la paternité, le couple, l’ensemble reste plus léger que d’autres de ses comédies de cette période, et le personnage de Lenny, joué par Woody Allen lui-même, n’est pas un intellectuel névrosé mais bien un être attachant et maladroit, terriblement attendrissant dans des efforts pour que tout le monde soit heureux.

Le casting dans l’ensemble est particulièrement réussi : Mira Sorvino est parfaite en bécasse, et c’est un plaisir de voir Helena Bonham-Carter incarner une personne normale !

Une comédie sympathique, aux dialogues comme d’habitude parfaitement maîtrisés : que demander de plus ?

Mighty Aphrodite (Maudite Aphrodite)
Woody ALLEN
1995

Cafe Society, de Woody Allen

Life is a comedy written by a sadistic comedy writer.

Il est enfin là, le dernier Woody Allen !!!!

Dans les années 30, le jeune Bobby Dorfman décide de quitter New-York pour tenter sa chance à Hollywood ; après beaucoup d’attente, son oncle Phil, agent de stars, accepte de l’engager comme coursier, et lui présente Vonnie, son assistante, dont Bobby tombe immédiatement amoureux. Mais Vonnie n’est pas libre, et Bobby doit se contenter de son amitié, jusqu’au jour où elle lui annonce que son petit ami vient de la quitter…

Tout, dans ce film, est esthétiquement parfait : les décors, les couleurs, les plans, les décors, et tout concourt à donner à cette histoire d’apprentissage une tonalité bien particulière, à la fois drôle voire burlesque et teinté de vaudeville, et fitzgeraldienne, quelque chose de profondément mélancolique malgré les fêtes sublimes, avec Bobby en avatar de Gatsby.

Allen crée une tension entre Hollywood et New-York, forcément à l’avantage de cette dernière. Toujours cette obsession pour la religion juive et la culpabilité. Et puis Kristen Stewart, dont je suis pourtant assez peu adepte (sans doute plus à cause de cette daube infâme qu’est Twillight que d’elle-même, d’ailleurs), lumineuse et irradiante.

Un petit bonbon à savourer !

Cafe Society
Woody ALLEN
2016

Whatever works, de Woody Allen

Love, despite what they tell you, does not conquer all, nor does it even usually last. In the end the romantic aspirations of our youth are reduced to, whatever works.

Je poursuis mon challenge Woody Allen, avec ce film de 2009.

Boris Yelnikoff est misanthrope, cynique et désabusé. Ancien physicien, il a failli avoir le prix Nobel. Désormais, après une tentative de suicide qui l’a rendu boiteux, il vit dans un petit appartement new-yorkais assez miteux, et consacre une partie de ses journées à donner des leçons d’échecs à des enfants qu’il insulte. Un soir, en rentrant chez lui, il tombe sur une jeune fugueuse et, pris de pitié, accepte de l’héberger…

Avec ce film, Woody Allen réussit le tour de force d’arriver à produire un objet à la fois profondément cynique et pessimiste, et totalement guimauve — une comédie romantique.

Brisant le quatrième mur, Boris ne cesse de s’adresser à nous et de délivrer sur le monde de grandes leçons désabusées qui, si on y réfléchit bien, ne sont pas du tout absurdes, au contraire, et c’est bien finalement ce qui est le plus désespérant.

Face à lui, une jeune nymphette totalement idiote, mais dont la naïveté confondante lui permet une joie de vivre réelle, d’autant plus lorsqu’elle est débarrassée des superstitions religieuses — c’est l’un des enjeux du film : vivre sa vie et notamment sa sexualité pleinement, librement, sans s’occuper des interdits religieux.

Cela a un petit côté Pygmalionmais cela n’est pas non plus sans rappeler Voltaire : Candide, dont la morale est de « cultiver son jardin », c’est-à-dire à la fois se contenter des choses simples et vivre sans trop se poser de questions métaphysiques sur les grands malheurs du monde, mais aussi Histoire d’un bon bramin dans lequel un savant plein d’esprit est malheureux car il ne cesse de réfléchir, alors que sa voisine, une indienne idiote et bigote, est heureuse car justement elle ne se pose pas de questions : vaut-il mieux être un imbécile heureux, ou un sage malheureux (vous avez quatre heures) ?

Bref, un très beau film, à la fois optimiste et profondément désabusé, qui nous pousse à réfléchir sur notre vision du monde et du bonheur ! Un des meilleurs Woody Allen récents, avec des répliques extraordinaires, et qui n’est pas sans rappeler certains films beaucoup plus anciens !

En bonus, dans une des scènes, vous aurez la surprise assez amusante de croiser… Donald Trump (enfin, sa statue de cire) !

Whatever works
Woody ALLEN
2009

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, de Woody Allen

The world is far more mysterious than it appears to our eyes…

Un coup de blues ? Woody, et ça repart !

Alfie, le mari d’Helena, vient de la quitter après 40 ans de mariage : il refuse de devenir vieux, et entend épouser Charmaine, une « actrice » qu’il vient de rencontrer. Helena, quant à elle, se remet comme elle peut de cette rupture, en tombant sous la coupe d’une pseudo-medium qui lui fait miroiter tout un tas de choses, et lui donne des conseils pour gérer ses relations avec sa fille Sally : celle-ci, au grand dam de sa mère, a épousé Roy, un écrivain qui a du mal à écrire et tombe sous le charme de la voisine d’en face. Sally, elle, pour subvenir aux besoins du couple, devient l’assistante d’un très séduisant directeur de galerie.

Du marivaudage tel qu’on l’aime dans les milieux intellectuels et artistiques, mais cette fois encore Woody Allen se délocalise à Londres et laisse de côté son binôme judéité/psychanalyse pour le remplacer par la voyance : tout tourne autour de l‘illusion et du faux-semblant dans ce film aux allures baroques placé sous l’égide de Shakespeare.

Du mensonge aussi : tout le monde ment, simule, fait semblant. Les couples se font et se défont, les cartes sont totalement redistribuées, le désir circule et il règne sur le film une certaine tension érotique, contrebalancée par des scènes totalement hystériques. C’est drôle et mélancolique en même temps, un peu désabusé, parfois cruel, souvent grave. Ce cocktail difficile à réussir dont il est passé maître !

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
Woody ALLEN
2010

New-York stories, de Martin Scorsese, Francis Ford Coppola et Woody Allen

Trois réalisateurs mythiques réunis pour un même film, triple plaisir, me suis-je dit en m’installant devant ce film au principe simple : une ville, New-York, trois histoires, proposées chacune par un des trois plus grands génies du cinéma américain.

Dans Life lessons de Martin Scorsese, nous découvrons un peintre génial mais totalement inapte aux relations humaines. Un film sur le désir, la pulsion de vie, d’une beauté à couper le souffle et d’une sensualité débordante — les corps et les mouvements de la peinture, les couleurs et textures des tableaux, la musique et notamment A whiter shade of pale… sublime.

Life without Zoe de Francis Ford Coppola (écrit avec Sofia) est d’un tout autre genre : c’est une sorte de conte des mille et une nuits dans lequel Zoe, une petite fille de douze ans qui vit seule dans un palace pendant que ses parents sont en voyage, sauve son père, un illustre flûtiste, d’un mauvais pas. C’est gai et mignon, le thème évident est le pouvoir de la musique, mais ce n’est pas le chef-d’œuvre du siècle…

Enfin dans Oedipus’ wrecks, Woody Allen incarne un avocat de 50 ans qui n’a toujours pas résolu son complexe d’Œdipe et dont la mère très envahissante lui gâche la vie. Un petit bijou de drôlerie et d’inventivité, très cérébral, dans lequel on reconnaît certains films à venir et qui exploite les thèmes alleniens par excellence : la judéité, la psychanalyse, le complexe d’Œdipe, le couple. Le seul défaut de ce film est d’appartenir à la période « Mia Farrow » que je ne supporte décidément pas…

Un pur bonheur donc, même si Coppola est nettement en dessous des deux autres — et à vrai dire de lui-même, et même si à part dans le film de Allen on voit très peu New-York !

New-York Stories
Life Lessons
, de Martin SCORSESE
Life without Zoe, de Francis Ford COPPOLA
Oedipus’ Wrecks, de Woody ALLEN
1989

Deconstructing Harry (Harry dans tous ses états) de Woody Allen

You have no values. With you its all nihilism, cynicism, sarcasm, and orgasm.
— Hey, in France I could run for office with that slogan, and win!

L’autre soir je cherchais des films mettant en scène des personnages d’écrivains. Il y en a une pléiade, évidemment, mais comme j’étais en outre un petit peu mélancolique parce que c’était la fin des vacances et que bon, voilà, mon choix s’est porté sur ce film de Woody Allen, histoire de poursuivre mon challenge personnel « voir/revoir tous ses films ». D’une pierre deux coups, donc.

Harry est un auteur célèbre qui s’inspire un peu trop de sa vie pour écrire, sans se donner trop de peine pour déguiser la réalité, ce qui fait qu’il est fâché avec à peu près tout le monde, ses ex-femmes, ses maîtresses, ses psys… Alors qu’il est en panne d’inspiration, il est invité par son ancienne université, dont il avait été renvoyé, pour un hommage et il ne trouve pour l’accompagner à la cérémonie que Cookie, une prostituée, Richard, son ami cardiaque et Hilly, son jeune fils, qu’il a enlevé a la sortie de l’école.

Gigantesque mise en abyme dans laquelle Woody Allen s’auto-analyse et réfléchit sur le processus créatif, le film repose sur une série de digressions dans lesquelles se mêlent la réalité et la manière dont elle est transposée dans les œuvres.

La figure d’Harry se démultiplie en autant d’avatars qui permettent de mettre au jour toutes les obsessions alleniennes : la religion et l’oppression de la tradition, le sexe, la psychanalyse, et bien sûr la création.

Parfois un peu grand guignol mais toujours hilarant, Deconstructing Harry (le titre original est beaucoup plus parlant que le titre français) est truffé d’idées géniales : la métaphore de l’alchimie, celle de l’homme qui devient flou et oblige les autres à porter des lunettes pour le voir correctement (que son psy analyse comme le fait d’obliger les autres à s’adapter à sa propre distorsion), ou encore le dialogue en Enfer avec Satan, résolument jubilatoire.

Incarné par un Woody Allen aussi génial acteur que réalisateur, Harry est au final extrêmement navrant, veule, pitoyable, et en même temps touchant et attachant. Quant au casting, c’est une succession d’acteurs formidables : Kirstie Alley, Billy Crystal, Elisabeth Shue, Demi Moore, Mariel Hemingway, Tobey Maguire, Robin Williams…

Un film qui interroge la création, et le fait bien : du très très bon Woody Allen, drôle et fin, spirituel, aux dialogues excellents. Pour moi un de ses meilleurs films, car c’est dans cette veine introspective et autoréflexive que je le préfère !

Deconstructing Harry (Harry dans tous ses états)
Woody ALLEN
1997