Toi la sœur que je n’ai jamais eue…

J’ai toujours été fascinée par le motif du double et de la gémellité. Et bien plus que je ne le croyais jusqu’à récemment, et pas seulement parce que mon signe lunaire est Gémeaux (vous noterez d’ailleurs, si vous vous intéressez à l’astrologie, que nous venons d’entrer dans la saison des Gémeaux : il n’y a pas de hasard, n’est-ce pas ?). Fascinée, et un peu persécutée, car je le retrouve très souvent dans mes lectures, même lorsque je ne m’y attend pas.

J’écris très peu à la première personne (sauf Le Truc et ses suites, et bien sûr mon journal). Par contre, les personnages de ce que j’écris, Juliette, Salomé, Alice sont des doubles. Petite, il m’arrivait en vacances de m’inventer une sœur jumelle : tantôt j’étais l’une tantôt j’étais l’autre.

Et là est le point. Selon les scientifiques, 10% environ des grossesses seraient gémellaires, mais dans beaucoup de cas, l’un des jumeaux disparaît au cours des trois premiers mois, sans que personne ne s’en rende compte. Sauf celui qui reste : lui, il garde l’empreinte de l’autre, dans sa mémoire cellulaire, dans son inconscient. Un traumatisme d’avoir été deux, et d’être désormais seul. Et ce traumatisme, il le traîne un peu comme un boulet, d’autant qu’il ne sait pas d’où ça vient. On appelle ça le syndrome du jumeau perdu. Il nous manque quelqu’un.

Ma thérapeute, il y a quelque temps, avait abordé cette hypothèse, mais j’avais botté en touche, sans doute parce que je n’étais pas prête, en disant que de toute façon, on ne ne pouvait pas savoir. Il ne reste pas de trace. Sauf que je sais, profondément : c’est le sujet abordé dans le roman dont je vous parlais hier, et quand je l’ai lu, ça m’a tellement secouée, bouleversée, ça a tellement résonné fort, que je sais que c’est vrai. Et que c’est la clé. La pièce manquante de mon puzzle.

J’achète les choses en double. Parmi mes vêtements, il y en a une quantité invraisemblable qui sont identiques ou presque : même modèle dans des couleurs différentes, ou bien quasiment le même modèle de la même couleur. Les objets vont souvent par deux car je suis obsédée par la symétrie. J’étends mes chaussettes par paires (je pensais que tout le monde faisait ça et que c’était logique mais apparemment pas tant que ça), et les chaussettes orphelines m’angoissent. Je suis mal latéralisée, et je confonds la droite et la gauche, l’est et l’ouest (il faut toujours que je réfléchisse, et si on ne me laisse pas le temps je me trompe une fois sur deux). Je suis hypersensible et possiblement HPI. Je ne suis pas ancrée, je ne suis pas toujours là même quand je suis là. Et tant d’autres choses qui font partie de mon quotidien… J’ai fait un test ici. Cela n’a pas valeur de preuve, mais enfin, je coche tout de même beaucoup de cases, notamment certaines de mes bizarreries se retrouvent dans la liste.

Me connaissant, vous vous doutez que depuis que j’ai mis le doigt là-dessus, j’ai lu des centaines de pages et constitué une bibliographie digne d’un travail de thèse, et notamment les travaux du docteur Claude Imbert et ceux de Alfred et Bettina Austermann (leur livre sur le sujet comporte… deux ours !). J’ai aussi consulté mon médium sur le sujet (c’est le genre de sujets sur lesquels c’est utile) qui m’a confirmé voir une petite fille. Je pensais un petit garçon, parce qu’il y a certains hommes de ma vie avec lesquels je sens quelque chose de gémellaire, mais c’est lié à autre chose. Une sœur, cela fait beaucoup de sens par rapport à d’autres éléments.

Alors ce qui est bien dans l’histoire c’est que si j’ai beaucoup pleuré et pleure toujours beaucoup en lisant ou en regardant les vidéos, ou en y pensant, c’est que quelque chose qui était coincé est en train de sortir. Si c’est maintenant que cette clé arrive dans ma vie (autour de la Nouvelle Lune en taureau qui était conjointe à Lilith), c’est que je suis prête à le libérer, et en prendre conscience est déjà une partie du chemin. Alors c’est bien.

Les Vies liées, de Catherine Balance : le lien invisible

On est influencé par son passé et sa lignée, c’est sûr, mais pour moi, rien n’est figé ni déterminé. De grandes lignes sont plus ou moins dessinées pour chaque être et nous pouvons modifier le cours de ce tracé. Nous restons libres de décider. Seulement pour y arriver, il faut quand même faire un travail. […] En nettoyant le traumatisme à l’origine. Et là, on n’aura plus besoin de porter ces mémoires.

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Catherine Balance, Une autre voix que la mienne. Et puis ça en était resté là, sans que je m’intéresse davantage à son travail. Et puis, voilà ce qui s’est passé récemment : pour mon projet, j’ai étudié Le voyage du héros, qu’elle avait co-traduit. Elle est tombée sur mon article, m’a remerciée, et m’a proposé de m’envoyer deux ouvrages qui venaient de sortir, celui de Robert Dilts sur La magie du langage qu’elle avait également co-traduit, son petit livre pour développer son intuition, et m’a aussi offert de m’envoyer ce roman, son deuxième, à sa sortie. Et l’autre jour, dans Il n’est jamais trop tard pour éclore, je suis tombée sur une référence à un stage animé par Catherine. J’ai trouvé que ça commençait à faire beaucoup, et je me suis dit que ce roman avait certainement quelque chose à me dire. Et je ne me trompais pas.

Dans ce roman, nous retrouvons Maude, le personnage principal de Une autre voix que la mienne. Elle travaille sa médiumnité récemment découverte avec Josette, et elles décident toutes les deux de se rendre quelque temps à Bali. A l’aéroport, peu avant d’embarquer, elles font la connaissance d’Emilie, et immédiatement, entre elle et Maude un lien fort se crée. On leur dit qu’elles sont liées par des vies passées en commun, mais c’est peut-être plus que ça, et lorsqu’Emilie disparaît Maude sent qu’elle est la seule à pouvoir l’aider.

J’ai dévoré ce roman, qui aborde des sujets qui me passionnent : la médiumnité, les liens karmiques, l’énergie, l’intuition, c’est encore une fois un roman très « cauwelaertien » qui, à travers une histoire originale, nous ouvre à de nouvelles perspectives et nous pousse à nous interroger sur ce que nous ne comprenons pas. Mais il y a bien plus : déjà, certaines références au roman précédent (il n’y a néanmoins pas besoin de l’avoir lu pour lire celui-ci) m’ont fait l’effet de petites bombes à retardement : je me suis rendu compte qu’à l’époque déjà, je recevais des informations qui allaient m’être utiles, mais je ne les voyais pas. Mais surtout, comme je le disais plus haut, je sentais que ce roman avait un message pour moi, et le fait est qu’il m’a apporté la clé qui je pense me manquait depuis toujours. Sous la forme d’un choc, on ne va pas se mentir, mais salutaire. Et ça, j’en parlerai demain.

Les vies liées
Catherine BALANCE
Librinova, 2021