City guide : Vienne, musées etc.

Comme toutes les grandes capitales, Vienne regorge de musées, tous plus intéressants les uns que les autres a priori, et il faut donc faire des choix, guidé par ses centres d’intérêts. Evidemment, avec l’anniversaire de la mort de Klimt, de Schiele et d’Otto Wagner, on va les rencontrer partout, et pour moi c’était bien agréable. Comme d’habitude, à part le Belvédère j’ai évité les très grands musées sans thématique particulière, pour me laisser plutôt porter dans certains lieux délaissés, à tort souvent, par les touristes, et j’ai fait de merveilleuses découvertes (il y a eu aussi quelques loupés, malheureusement). De manière générale, l’accueil est très courtois, et il n’y a aucun problème pour faire des photos.

Le Musée des Arts Appliqués (MAK)

Le MAK est le premier musée que j’ai visité à Vienne, peu après mon arrivée : situé près de Wien Mitte, où j’avais déposé mes bagages en attendant de récupérer l’appartement, il était de toute façon sur ma liste, et m’a permis de m’abriter de la pluie diluvienne. Et ce fut une très belle découverte : le bâtiment à lui seul vaut le coup d’oeil, et le contenu est tout à fait passionnant. La visite offre un classement semi par type d’objets (la vaisselle, les tapis…) et semi par époque (le baroque, mais surtout, ce qui m’intéressait, tout un pan sur Vienne 1900). Si vous y allez avant octobre, il est impératif d’aller voir l’installation « le jardin magique de Klimt », qui vous permet de plonger, grâce à un casque de réalité virtuelle, dans un monde à la Alice au Pays des merveilles. En outre, le musée n’est pas plein de foule, et offre de nombreux endroits confortables pour se reposer…

La Maison de la musique (Haus der Musik)

L’histoire de Vienne se confond avec celle de la musique, et il est somme toute normal qu’un lieu lui soit consacré (outre les maisons de Mozart et Beethoven, que je n’ai pas visitées). Et même pour moi qui n’y connais pas grand chose, cette maison de la musique s’est révélée une très belle expérience, à la fois informative et ludique, très bien conçue, utilisant toutes les ressources des technologies actuelles. Si le premier étage, consacré à l’orchestre philharmonique, m’a intéressée mais pas plus que ça car je n’y connais rien, j’ai adoré le troisième étage, consacré aux compositeurs les plus importants liés à Vienne, comme Mozart, Strauss ou Beethoven : chaque salle, baignée de musique, possède une ambiance et une scénographie qui lui est propre, et regorge de documents passionnants et parfois d’installations interactive. En fin de visite, on peut se transformer en chef d’orchestre. Enfin, au deuxième étage, on trouve la sonosphère, une sorte de musée du son qui permet de se plonger dans des expériences sonores originales (comme les sons des grandes villes, ou les sons prénataux) : je suis passée assez vite car je suis très sensible à certains sons qui me déséquilibrent, et je ne me sentais pas bien, ce qui n’enlève rien à l’intérêt de l’installation. En tout cas c’est un lieu très intéressant, particulièrement je pense pour les enfants.

Musée de la littérature (literaturmuseum)

J’ai failli le manquer, car il n’était dans aucun guide, et j’ai compris après pourquoi, mais lorsque je l’ai vu apparaître sur Google map, je me suis dit que je ne pouvais pas faire l’impasse sur une visite. En fait, je pouvais, car il n’y a pas grand chose à voir (et d’ailleurs pas de visiteurs) : l’exposition temporaire, consacrée aux figures centrales de la Vienne moderne et qui permet de croiser Klimt et la Sécession, pourrait être intéressante. Mais l’exposition permanente m’a affligée : non seulement elle n’est qu’en allemand (mais admettons), mais elle est surtout vide : ce n’est quasiment que de la décoration, du fac-similé, et même sans comprendre l’allemand on se rend bien compte que ça manque de contenu…

Musée Leopold (leopoldmuseum)

En plein coeur du MuseumsQuartier, le Musée Léopold était bien évidemment en haut de ma liste, pour son fond Egon Schiele et aussi, en ce moment, pour son exposition « Klimt artiste du siècle ». On pourra y admirer des oeuvres absolument fascinantes de ce dernier : le tableau Life, love, death et de nombreux dessins préparatoires (dont deux pour Le Baiser) et quelques dessins érotiques. L’exposition Schiele est également passionnante, et permet de saisir les variations de style de cet artiste hors-normes et ses thèmes obsédants. L’ensemble est clair, aéré, et bizarrement malgré sa notoriété ne semble pas attirer les foules…

La Bibliothèque nationale (Österreichische Nationalbibliothek)

C’est évidemment un lieu incontournable pour les amoureux des livres, mais aussi pour tout le monde : les lieux sont époustouflants, et les collections d’une richesse incroyable ! La bibliothèque fête cette année ses 650 ans, et tout ce qui la concerne, son rôle, son histoire, son contenu est très bien mis en valeur.

Le Palais du Belvédère

C’était le clou de la semaine, et contrairement à ce qu’on aurait pu penser, je ne m’y suis pas précipitée. Je n’ai visité que le Belvédère supérieur et les jardins, mais j’en ai profité à fond, aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, avec le musée : si comme moi vous faites le voyage à Vienne pour Klimt, c’est le lieu incontournable puisque c’est là qu’est conservé Le Baiser — mais aussi nombre d’autres merveilles !

Le musée de Vienne (Wien museum)

Le Wien museum est apparemment très peu fréquenté par les touristes, et c’est dommage : l’exposition permanente sur l’histoire de la ville est absolument passionnante et instructive, regorge d’oeuvres fascinantes, des maquettes, des cartes… et de très belles oeuvre de Klimt (Emilie Flöge, et un magnifique tableau que je ne connaissais pas (et pourtant j’ai travaillé sur Klimt et j’ai plusieurs livres), Lovers, qui m’a bouleversée) et de Schiele. A noter aussi, l’exposition temporaire sur Otto Wagner, d’une très grande richesse !

Le Palais de la Sécession

Construit en 1897, le Palais de la Sécession était à la fois un manifeste architectural du jugendstil et un lieu d’exposition pour les artistes de la Sécession viennoise. L’extérieur est fascinant, avec en dessous de l’entrée la sculpture des trois gorgones représentant la peinture, la sculpture et l’architecture,  et la devise du mouvement : « À chaque âge son art, à chaque art sa liberté ». A gauche, la devise latine Ver Sacrum (printemps sacré). A l’intérieur, on retrouve Klimt et sa frise Beethoven, fascinante… et c’est tout (enfin pas tout à fait, il y a une exposition temporaire d’art contemporain à la quelle je n’ai pas trouvé le moindre intérêt…)

Le musée des horloges et des montres (uhrenmuseum)

Ce n’est pas un impératif, sauf si comme moi on est obsédé par le temps et les objets qui le marquent, montres, pendules et autres horloges, mais c’est une curiosité : le musée est petit (et à éviter avec les enfants en bas âge car pourvu d’escaliers en colimaçon plutôt dangereux), mais on y trouve vraiment des choses très intéressantes sur l’horlogerie du Moyen-Age à nos jours, et nombre d’objets insolites !

Le musée Freud

Je confesse une petite déception pour ce musée finalement dispensable pour le prix, même s’il ne manque pas totalement d’intérêt : on est bien dans l’ancien appartement de Freud, où il avait son cabinet de consultation. Mais le souci est que Freud, lors de son exil à Londres, avait emporté la plupart de ses meubles, qui y sont restés. Il ne reste plus ici que le moins intéressant, à savoir la salle d’attente et le vestibule (en gros, si vous voulez voir le divan, allez à Londres). Le cabinet et le bureau ne sont donc ici que des espaces dont les murs sont recouverts de reproductions et de quelques documents originaux, ce qui n’est pas excessivement passionnant. En revanche, la petite exposition temporaire sur Freud et la littérature était sympathique ! Et j’ai aimé la mise en scène pour entrer, comme si on allait réellement consulter.

Voilà, j’espère que cette petite parenthèse viennoise vous a plu et que je vous ai donné envie d’y aller !

Au temps de Klimt – la sécession à Vienne, à la Pinacothèque

Il y a des périodes de l’histoire de l’art qui sont plus fascinantes que d’autres. Cela dépend évidemment de la personnalité de chacun, mais pour moi, la Sécession est une période absolument passionnante, et Klimt est inscrit au panthéon des artistes qui m’inspirent.

J’ai beaucoup lu sur cette période, beaucoup de livres et un numéro spécial de Télérama sur l’exposition Vienne 1900 du Grand Palais en 2005 (que je n’avais malheureusement pas vue) que j’ai feuilleté mille fois. Autant dire que j’étais très excitée à l’idée d’aller voir cette exposition et de m’en mettre plein les mirettes.

L’exposition nous plonge au tout début du XXème siècle. Vienne est alors la capitale culturelle de l’Europe, et va devenir le foyer d’un art nouveau, grâce au jeune Gustav Klimt.

Ses débuts sont plutôt académiques, et après avoir étudié à l’Ecole des arts et métiers de Vienne (1878), il ouvre deux ans plus tard, avec son frère Ernst et un condisciple, Franz Match, un atelier de décors de théâtre et de peinture murale qui jouit d’un certain succès. Mais, très vite, il se sent à l’étroit. Pour orner les murs du grand hall de l’université de Vienne, il propose une œuvre monumentale,  Philosophie, médecine et Jurisprudence, qui fait scandale. 

Klimt prend définitivement ses distances avec l’art académique et fonde avec une vingtaine de jeunes artistes viennois la Sécession (1897) : un art de la liberté et du renouveau, un art total où s’associent la peinture mais aussi la musique, l’architecture, la littérature, la philosophie et la psychanalyse de Freud.

L’objet de l’exposition de la pinacothèque est donc de raconter le développement de la Sécession, de ses premiers pas aux débuts de l’expressionnisme. Une large place est accordée à l’exposition Beethoven (1902), l’un des plus grands succès du mouvement, avec une très belle maquette du palais de la Sécession et une reconstitution à l’échelle de la frise Beethoven sur fond d’hymne à la joie.

Autre moment phare : une étude de la dimension mystérieuse de la figure féminine et de la tension entre Eros et Thanatos, avec  Judith et Salomé que j’ai été bien heureuse de voir, ainsi que certaines pièces de Schiele, Moser ou Kokoschka.

Mais, en sortant, je n’ai pu m’empêcher de penser « tout ça pour ça ». Oui, il y a de belles choses, mais je suis néanmoins déçue : beaucoup trop de monde dans des salles beaucoup trop exiguës, si bien que j’ai dû passer les deux premières salles sans les voir pour pouvoir respirer et que de manière générale c’était désagréable et oppressant ; une exposition que j’ai trouvée mal cernée, peu pédagogique (il faut à mon avis déjà au minimum connaître cette époque pour l’apprécier), pas toujours claire.

Et puis, surtout, ça manque de Klimt et de ses œuvres majestueuses de la période dorée : je savais qu’il n’y aurait pas tout, mais vu le titre de l’exposition, j’en attendais un peu plus.

Vu le prix exorbitant de l’entrée à la Pinacothèque, j’en attendais plus !

Au temps de Klimt, la Sécession à Vienne
Pinacothèque de Paris, du 12 février au 21 juin 2015