Coco Chanel et Igor Stravinsky, de Jan Kounen

Vous n’êtes pas une artiste Coco, vous êtes une vendeuse de tissu.

Après les deux films sur Yves Saint Laurent, l’envie subite m’a prise de voir enfin le seul des films consacrés à Coco Chanel que je n’avais pas encore vus. Sur le sujet, j’admets, je ne suis pas une spectatrice facile puisque j’ai beaucoup lu et beaucoup vu sur le personnage, qui me fascine.

En mai 1913, au Théâtre des Champs-Élysées, Coco Chanel, jeune créatrice de mode, assiste sur l’invitation de son amie Misia Sert au Sacre du printemps, un ballet composé par le russe Igor Stravinski. Le spectacle avant-gardiste provoque un scandale, mais Coco elle-même est touchée par cette musique qui laisse de marbre son compagnon Boy Capel.

Sept ans plus tard, Coco se remet à peine du décès de Boy Capel quand elle décide d’accueillir Igor Stravinsky, exilé à Paris, et sa famille dans sa résidence de Garches. Débute alors une liaison courte, mais intense entre les deux artistes.

Le début du film m’a subjuguée : toute la scène d’ouverture, avec Le Sacre du Printemps, dégage une force dionysiaque absolument extraordinaire et rend parfaitement la violence presque hallucinatoire du travail de Stravinsky.

Mais très vite, le soufflé retombe quelque peu, ranimé ça et là par des scènes très puissantes mais cela ne suffit pas à éviter l’ennui d’un film qui, il faut bien le dire, souffre de longueurs.

Tout est très esthétique, dans une ambiance Art Déco magnifique, la photographie est sublime, impeccable, mais j’ai trouvé l’ensemble froid, désincarné. Anna Mouglalis est majestueuse, aristocratique et incarne parfaitement une Coco tyrannique, fière, puissante et indestructible, mais manque de chair ; quant à Mads Mikkelsen, cela n’engage que moi mais je le trouve aussi sensuel qu’un glaçon.

Du coup, même dans les scènes de sexe, pourtant filmées sans fausse pudeur, cela manque d’alchimie et de passion, alors même que c’est tout l’enjeu : l’affrontement passionnel de deux génies.

Bref : un film esthétiquement impeccable, mais qui ne m’a pas procuré d’émotions, qui ne m’a pas fait vibrer sinon au début. Dommage…

Coco Chanel et Igor Stravinsky
Jan KOUNEN
2009