Vous voilà né. Pour mourir. En attendant, il faut bien vivre.
Vivre est une occupation de tous les instants. Une expérience du plus vif intérêt. Une aventure unique. Le plus réussi des romans. Souvent un emmerdement. Trop souvent une souffrance. Parfois, pourquoi pas ? une chance et une grâce. Toujours une surprise et un étonnement à qui il arrive de se changer en stupeur.
J’avais envie de terminer l’année avec une lecture positive et lumineuse (terminer l’année au sens de dernière lecture chroniquée et non faite). Ce récit s’est imposé de lui-même.
Nous mourrons tous. Mais le plus grand mystère n’est-il pas plutôt celui de notre naissance, que nous n’avons pas voulue. Pourquoi et comment vivre, quand on se sait voué à la finitude ? A quoi bon, puisque tout est transitoire ?
Et d’ailleurs, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Evidemment, pas de réponse à cette grande question : on peut croire, mais personne ne sait ce qu’il en est, si notre présence sur terre a un sens, et ce qui nous attend après — rien ? Le Paradis ? La réincarnation ? Tout est exposé avec une simplicité extrême, l’histoire de l’Univers, le hasard, la nécessité. L’amour. D’Ormesson est un agnostique qui espère que « Dieu » existe, sous quelque forme que ce soit, sinon le monde serait trop laid et injuste, et si son existence est peu probable, après tout, comme le reste non plus, pourquoi pas ? Il n’impose rien, mais a le don de mettre le doigt sur des questions qui plongent le lecteur dans des abîmes de perplexité existentielle.
Au-delà de ce vertige métaphysique, il y a ce ton primesautier unique et inimitable qui va nous manquer : en lisant, j’entendais sa voix…
Alors oui, un ouvrage lumineux et résolument optimiste, qui fait un bien fou !
Un hosanna sans fin
Jean d’ORMESSON
Heloïse d’Ormesson, 2018