Camus, de Laurent Jaoui

Comment peux-tu connaître les femmes aussi mal, toi qui les fréquentes tant ?

Encore une fois, c’est le hasard (ou la loi de la synchronicité, je ne sais jamais) qui m’a fait tomber sur ce film alors que je cherchais tout à fait autre chose (enfin tout à fait, pas vraiment, mais passons, de toute façon je n’ai pas trouvé ce que je cherchais). Donc comme j’aime Camus et que j’aime les films mettant en scène des écrivains, je n’ai pas hésité.

L’histoire commence à Alger, lorsque l’instituteur d’Albert Camus, confiant dans l’intelligence et les capacités du petit garçon, se démène pour que sa mère et surtout sa grand-mère le laissent continuer l’école. Mais si cet évènement ouvre et clôt le film, c’est aux dix dernières années de la vie de l’écrivain qu’il s’intéresse, prenant comme point d’ancrage le réveillon de 1959 avec Michel et Jeanine Gallimard, alors que Camus s’est enfin remis à l’écriture et compose Le Premier Homme, et procédant par flash-back…

L’intention est louable : un biopic, cela peut vite devenir pénible, et le mieux est de choisir un angle au lieu d’essayer de tout traiter. Ici, l’angle est à la fois chronologique, dix années qui englobent la rupture avec Sartre, le Prix Nobel et la guerre d’Algérie, et thématique : les femmes.

Ici il est peu question d’écriture finalement : c’est un Camus intime que l’on nous montre, ses relations chaotiques avec sa femme Francine profondément dépressive, Maria Casares (mais pas tant que ça), et ses multiples maîtresses.

Et, je l’avoue, ce choix de traitement m’embête un peu : non que je refuse qu’on casse le mythe, mais j’ai été peu touchée par ce Camus faible et assez égoïste, qui occulte un peu la grandeur du personnage et sa complexité. Disons que pour moi, dans ce film, il y a trop de Camus-Don Juan et pas assez de Camus grand intellectuel. D’autant que je n’ai pas du tout été convaincue par la prestation de Stéphane Freiss, qui est un excellent acteur mais qui ne parvient pas au niveau de l’incarnation. Ce qui est très difficile, j’en conviens.

Bref, ce film m’a déçue.

Camus
Laurent JAOUI
2009